Abstract:
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ARGUMENT
Militantes, les femmes ? Certes, à en juger par l’ancienneté de leurs combats individuels et collectifs. Mais pourquoi faut-il qu’elles luttent et que, dans cette lutte, la référence à l’homme soit de quelque façon mentionnée ? Se faire entendre, écouter, identifier dans sa spécificité : l’histoire des femmes dans la culture, dans la psychanalyse et dans la médecine montre l’insistance de ce que, trop souvent, on a appelé une revendication.
Le statut de la femme dans la société contemporaine connaît d’in- cessantes transformations qui à la fois suivent et orientent l’évolution de ses désirs. Grâce à la contraception et à l’avortement, les contraintes du corps et de la condition féminine se sont allégées. Mais qu’en est-il de la condition de malade ? À trop mettre l’accent sur les représenta- tions sociales et sur le corps, ne risque-t-on pas de privilégier l’ana- tomie sur la psyché ?
« Que veut la femme ? » : c’est la question que pose Freud en 1932 dans sa conférence sur « La féminité », qu’il définit comme un « conti- nent noir ». Il lui faut renoncer à penser le devenir femme de la petite fille en contrepoint de la sexualité du petit garçon. Mais cette avancée dans son parcours ne contredit pas la phrase qu’il disait avoir empruntée à Napoléon et qu’il se plaisait à rappeler : « L’anatomie, c’est le destin. »
L’univers de la médecine se prête à illustrer les pièges de cette formule mais également les pièges que contiennent les demandes des femmes. Que veulent les femmes aujourd’hui ? Qu’attendent-elles des progrès de la médecine ?
Sur quelles bases leur répondre ? Sur quels critères : sociopoli- tiques, juridiques, médicaux, bioéthiques, biologiques, psychanaly- tiques ? Les paramètres ont changé, les techniques ont évolué, les familles sont en mouvement et les risques de l’instrumentalisation de la médecine ne sont pas moins importants que ceux de l’instrumenta- lisation des corps.
Construire, reconstruire, transmettre, anticiper, prévenir, garantir : telles sont désormais les aptitudes de la médecine, qui connaît une féminisation croissante. Les femmes sont attirées par la profession médicale : cela change-t-il l’écoute et la prise en charge des patientes ? Rien n’in- dique que les praticiens soient moins aptes que leurs collègues femmes pour s’occuper des malades femmes. Il semble plutôt que certaines spécialités de la médecine soient des viviers d’interrogations sur le statut de la femme, entre corps et psyché. Citons la gynécologie-obstétrique, avec tous les risques et les enjeux de la transmission, la médecine des petites filles et des femmes âgées, la chirurgie réparatrice. L’attitude des femmes est-elle spécifique dans ces différentes conjonctures, aux diffé- rents âges de la vie et selon les cultures ? Leur accorde-t-on un statut particulier ? Qu’en dire ? Comment le situer ?
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