Type de document : | texte imprimé |
Titre : | Les raisons de l'irrationnel |
Auteurs : | / Michel NEYRAUT |
Editeur : | Paris : Presses Universitaires de France, 1997 |
Importance : | 290 p. |
Collection : | Le fil rouge |
ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-13-047954-3 |
Format : | 290 p. / 21 cm |
Note générale : | Analyse in LECTURES, Actualités de la Bibiothèque Sigmund Freud, 1997, n°16, par B. Lemaigre. |
Langues: | Français |
Mots-clés : | Logique ; Analogie ; Irrationnel ; Rationalisme ; Processus psychique ; Négation ; Dénégation ; Transfert ; Processus primaire ; Processus secondaire ; Intuition ; Clivage ; Traumatisme |
Résumé : |
-- Analyse :
Analyse par B. Lemaigre parue dans LECTURES, 1997, n°16 : Michel Neyraut emprunte, pour parcourir le champ psychanalytique, une voie originale et peu fréquentée, même par ceux qui s'intéressent au "fonctionnement mental", celle de la pensée. La pensée psychanalytique, certes, ne dispose pas d'instruments particuliers pour interroger les fondements de la raison dont elle admet l'existence. Cependant, elle élargit le champ du travail de la raison. Se réclamant de la "causalité psychique", elle introduit comme "raison" ou comme "cause" des éléments absolument hétérogènes pour rendre compte de l'irrationnel qu'elle rencontre, hétérogènes car empruntés à des domaines aussi différents que la biologie ou la linguistique, que l'inné phylogénétique ou l'acquis culturel. Hétérogènes, mais aussi surdéterminants, car le compromis, à l'origine des formations de l'inconscient, relève de causes multiples, conflictuelles, contradictoires, et d'âges différents. Il en résulte même un renversement des perspectives : "Devra être tenue pour irrationnelle toute démarche qui se voudrait scientifique sans tenir compte, ni de la forme, ni du contenu de l'inconscient". Un tel projet oblige à se situer par rapport aux grandes formes de la culture voisines de la psychanalyse : religion, métaphysique, sciences "dures" et autres. Il faut aussi mettre à jour les principes selon lesquels s'ordonnent les processus de pensée selon différentes "logiques" ou "modes de rationalité" et montrer comment et jusqu'où s'opère ce renversement. Chemin faisant, M. Neyraut donnera toute sa place à l'exercice de la pensée et à la spécificité de ce niveau d'analyse et d'interprétation dans la pratique de la psychanalyse. Revenons donc sur ces "logiques" . Il faut en distinguer trois grands types : logiques des processus secondaires, logiques des processus primaires, logiques primitives. Les deux premières forment une paire d'opposés strictement complémentaires, liés aux principes de plaisir et de réalité, paire déjà étudiée par Freud. Les troisièmes sont posées par M. Neyraut, bien que Freud lui-même n'ait pas cru cela nécessaire. En chacun d'entre nous, c'est l'entrelacement, la superposition non exclusive de ces logiques qui rend compte de la surdétermination des formations de l'inconscient, mais aussi de la complexité de nos opérations mentales : imagination, mémoire, perception, intuition, raisonnement par analogie et métaphore. Indiquons seulement, quant aux logiques secondes et primaires, comme l'un des thèmes du livre, la discussion avec Lacan, ouverte, mais sans concession. Refus d'une mystique du signifiant ; logique ici ne se confond pas avec langage ; il y a du signifiant, certes, mais lié de façon si ténue soit-elle au signifié. Cette discussion se poursuivra aussi lors de l'étude de l'intuition et de l'analogie dans son rapport à la métaphore. Mais revenons à "l'invention" des logiques primitives et aux remarques sur les vitesses comparées des processus psychiques. Les logiques primitives indiquent la mise en place presque immédiate de processus, de systèmes, anti-traumatiques (p. 145) : "J'appelle systèmes anti-traumatiques, tous les modes réactionnels mis en place dans l'appareil psychique avant que la maîtrise du principe de plaisir ne soit assurée. Parmi ces modes réactionnels, la compulsion de répétition demeure l'élément saisissable, cliniquement repérable, représentatif du système lui-même. "Cette considération du traumatisme, en particulier précocissime, est décisive pour le statut de la pensée en psychanalyse puisque "c'est l'excès en soi qui constitue le traumatisme, c'est-à-dire et par définition plus que n'en peut supporter sans dommage l'appareil à penser". Le traumatisme introduit ainsi une rupture entre l'acte et la pensée : les logiques primitives traduisent dans la pensée, la résurgence d'un acte, la réponse irrationnelle d'une répétition, "irrationnelle" parce que ces logiques continueront de répondre à des conflits et des traumatismes depuis longtemps révolus, mais n'ayant laissé dans l'esprit que la trace de cette réponse. Les logiques primitives se séparent du couple "logiques primaires-logiques secondes" par la réalité différente à laquelle elles se réfèrent : les logiques primitives concernent la réalité des origines, née de l'affrontement des forces brutes, sans régulations des lois. Le couple "logiques primaires-logiques secondes" concerne une réalité révisée par l'interdit. Les logiques primitives s'ordonnent donc sur le mode de l'archaïque ou de l'originaire (Ur) tels qu'ils caractérisent chez Freud la primitivité. Elles ne peuvent soutenir, contre Mélanie Klein, un discours qui serait "révélateur en lui-même de ses propres processus : dans la pensée freudienne, un tel discours n'est que la reconstitution dans une perspective historique d'une primordialité mythique", primordialité qui s'exprimera dans le mythe nécessaire du meurtre du Père. Cette réserve, à propos de M. Klein, n'enlève pas toute pertinence au concept d'identité projective à condition de ne pas avoir de la dichotomie bon/mauvais une vision systématique. M. Neyraut souligne par ailleurs à juste titre le statut de la projection chez Freud : comme propriété anti-traumatique immédiate de l'appareil psychique. Les traumatismes précocissimes, cas extrême, parce que la mémoire ne peut les relier au système associatif général, constituent un invariant, et par le fait même une sorte de deuxième réalité (accentuant jusqu'au clivage la différence entre réalité des origines et réalités de l'interdit). "Si l'on admet que deux réalités, l'une extérieure, directement perceptible par les organes des sens, et l'autre intérieure, reproduisant un traumatisme ou une série de traumatismes, puissent coexister chez un même "individu ", alors on concevra que cet individu se divise selon les deux contraintes que représentent ces deux réalités, l'une intérieure, incommunicable, répétitive, l'autre extérieure, dicible, mémorisable." Ici, dans ce cas extrême, se comprend pleinement le renversement annoncé puisque l'individu, soumis à des contraintes opposées, voire divergentes, vit dans "le grand écart" de sa division. Bernard Lemaigre |
Contenu détaillé (dépouillement) : |
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Exemplaires (8)
Code-barres | Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité |
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10015064 | JBP-NEY | Ouvrage | BSF Paris | Fonds J.-B. Pontalis | Consultation sur place |
10009839 | NEY | Ouvrage | BSF Paris | Salle de lecture : Ouvrages A-Z | Disponible au prêt |
10009840 | NEY | Ouvrage | BSF Paris | Salle de lecture : Ouvrages A-Z | Disponible au prêt |
10009837 | NEY | Ouvrage | BSF Paris | ψ Réserve : Ouv. A-Z | Consultation sur place |
10009838 | NEY | Ouvrage | BSF Paris | ψ Réserve : Ouv. A-Z | Consultation sur place |
07001925 | NEY | Ouvrage | CPRS Genève | Bib. CPRS | Disponible au prêt |
50001764 | NEY/0649 | Ouvrage | Lyon | Bib. GLPRA | Disponible au prêt |
06000433 | NEY | Ouvrage | St-Etienne BFP | Bib. Francis Pasche | Disponible au prêt |