Type de document : | texte imprimé |
Titre : | Eloge du visible : fondements imaginaires de la science |
Auteurs : | / Jean CLAIR |
Editeur : | Paris : Gallimard, 1996 |
Importance : | 221 p. |
Collection : | Connaissance de l'inconscient |
ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-07-074675-0 |
Format : | 221 p. / 22 cm |
Note générale : | Analyse in Lectures, Actualités de la Bibliothèque Sigmund Freud, 1997, n° 17, par Dominique Bourdin |
Langues: | Français |
Mots-clés : | Science ; Art ; Image ; BACON, Francis (peintre) ; FREUD, Lucian Michael ; Symbolisme ; Connaissance |
Résumé : |
Présentation de l'éditeur : L'art, avant son déclin, était une connaissance, et le savoir, en retour, s'est toujours nourri de tout un patrimoine d'images inscrit dans notre grille mentale. La science réveille et irrite des rêveries très anciennes. Père du physicalisme, Fechner n'en croyait pas moins que les plantes sont douées de pensée. Berger, dans les tracés de son électroencéphalogramme, croyait avoir percé le secret de la télépathie. Chappe et Edison réalisent la fiction, narrée par Hérodote, des Ephésiens assiégés par Crésus, qui consacrent leur ville à Artémis et tirent, entre son temple et la muraille, un fil " télégraphique " pour se concilier sa puissance. La découverte technique s'enracine dans un fonds irrationnel et la rigueur du logos scientifique dissimule mal l'emprise dont il se nourrit. Intelligere et eligere sont proches dans la langue. Choix dans le fouillis du visible, la distinction est compréhension et beauté. Intelligence et élégance ont partie liée. Voir, comprendre, distinguer sont une même chose. Le vieux mot français de mire, pour dire le médecin, atteste encore l'affinité entre l'art de l'artiste, qui produit des choses " admirables ", et le savoir du savant, qui regarde et qui garde. La science et l'art prennent soin du monde. Dans ce dialogue entre l'art et la science, la psychanalyse, prise entre le verbe et l'image, joue un rôle majeur. Elle n'est pas seulement contemporaine de Böcklin et de Klinger. Questionnant un corpus iconographique particulier pour valider sa démarche, de Moïse à Léonard de Vinci, se voulant à l'occasion, dans la Traumdeutung, une " science " de l'image, elle est aussi l'héritière du Symbolisme, et peut-être sa prisonnière. Rappelant les privilèges de ce que Goethe appelait Die Welt des Auges, cette suite d'essais se développe comme un plaidoyer pour une science romantique Analyse par Dominique Bourdin parue dans Lectures, 1997, n° 17 : Critique d'art et directeur du Musée Picasso, J. Clair réfléchit et travaille à contre-courant des modes. La logique interne à son objet commande la nécessité et la liberté d'un exposé à la fois rigoureux et foisonnant, qu'il s'agisse de Méduse, de Malinconia ou des Considérations sur l'état des beaux-arts, pour ne citer que quelques-uns des ouvrages, antérieurement parus. Cette fois, l'unité du recueil (qui rassemble diverses contributions, catalogues d'expositions ou articles déjà publiés, notamment dans la Nouvelle Revue de Psychanalyse), tient à ce que la méditation esthétique se confronte plus directement à la pensée scientifique. L'art s'est toujours voulu exploration et connaissance, tandis que le savoir s'est toujours nourri d'images et de rêveries, qu'il contribue d'ailleurs à susciter. Le darwinisme a fait surgir un bestiaire renouvelé, grouillant de créatures aimables ou farfelues, et a rendu possibles d'innombrables variations sur les représentations du vivant. L'exubérance, la diversité et le hasard des combinaisons font partie de l'hybris moderne et changent les données traditionnelles de l'imitation. Magritte ou Max Ernst l'attestent avec évidence, mais déjà à la fin du siècle dernier, le bestiaire de Böcklin n'est pas simple résurrection des visions qui hantaient le Moyen Âge ; il témoigne d'une puissance et d'une présence nouvelles (or les œuvres de Böcklin apparaissent dans certains rêves de Freud), que développeront les créatures hybrides inventées par Savinio. L'auteur se plaît ainsi à aller et venir des ouvrages scientifiques aux oeuvres d'art, de la pensée au regard, et il fait du regard une pensée du monde ; il rend évidents des rapprochements insolites, et nous fait relire le siècle dans une perspective culturelle globale, qui refuse les étroitesses d'un rationalisme pragmatique. Regarder, c'est garder, et le photographe Henri Cartier-Bresson s'est sans cesse exercé en dessinant à saisir le moment décisif, de même que le neurologue Ramon y Cajal découvre l'agencement du neurone à force de dessiner ce qu'il observe : représenter ou peindre, c'est prendre garde et distinguer, prendre soin et comprendre, discerner et soigner... Un des articles explore la présence du symbolisme, en tant que courant littéraire, au coeur de la pensée psychanalytique ; un autre reprend l'analyse de la dépression du peintre Segantini par Karl Abraham, en s'attachant aux associations et connotations directes et indirectes, techniques et sexuelles, de ce nom italien. L'oeuvre picturale de Lucian Freud, petit-fils de Sigmund Freud, est présentée avec passion, tandis qu'une étude acérée nous présente la genèse et la portée des crucifixions de Francis Bacon. Un riche cahier iconographique vient soutenir le propos. Ce sont aussi les techniques picturales qui viennent au premier plan de cette culture du regard. Le symbolisme vital des couleurs de la terre, du blanc et du noir, puis du rouge fourni par l'hématite (signifiant le sang et donc la vie), contraste avec l'éclat mais aussi l'affaiblissement des couleurs modernes synthétiques. Le portrait est longuement interrogé, notamment sous sa forme de miniature ; il donne lieu à une méditation sur le vocabulaire du visage et de la médaille, sur l'affrontement, la reconnaissance et l'échange associés à la transmission des portraits. Freud voit dans Moïse ce qui ne se montre pas mais s'esquisse : le geste retenu qui maintient les Tables et témoigne de la colère surmontée. Le statut de l'Image est au cœur des élaborations monothéistes ; il faut la théophanie christique pour que le Christ, Fils et Image du Père, lève - et non sans conflits dont témoigne la querelle iconoclaste l'interdit biblique de la représentation. Le Visible n'est pas apparence anodine mais façon d'appréhender l'essence ; c'est pourquoi science et art s'interpénètrent tout autant qu'ils s'opposent. En explorant les voies de l'inconscient, le modèle freudien nous libère aussi des avenues frayées a priori et des significations convenues. Ne faut-il pas noter pour finir l'extrême intelligence de la pensée freudienne dont témoignent ces études d'esthétique ? Chez J. Clair, la pensée psychanalytique et la compétence esthétique se fondent en une saisie du réel sous les espèces de l'art, qui propose au lecteur une expérience de pensée, voire une méditation philosophique, parfois troublante, donnée à vivre selon l'apparence d'une aimable promenade culturelle, aux richesses étonnantes... |
Note de contenu : | Bibliographie, index, illustrations |
Exemplaires (3)
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