Type de document : | texte imprimé |
Titre : | Histoire de la psychosomatique |
Auteurs : | / Hanna KAMIENIECKI |
Mention d'édition : | 1ère édition |
Editeur : | Paris : Presses Universitaires de France, 1994 |
Importance : | 126 p. |
Collection : | Que sais-je ? |
ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-13-046155-5 |
Format : | 126 p. / 18 cm |
Note générale : |
Analyse in Lectures, Actualités de la Bibliothèque Sigmund Freud, 1995, n° 11, par H. Gouttal-Valière |
Langues: | Français |
Mots-clés : | Histoire de la psychosomatique ; Psychosomatique |
Résumé : |
Analyse par H. Gouttal-Valière parue dans Lectures, 1995, n° 11 : Publié dans la collection Que sais-je ?, l'Histoire de la psychosomatique, est un ouvrage que la loi du genre voue à la pédagogie. Le lecteur averti, comme le lecteur tout venant auquel cette collection est également destinée, ne sera pas déçu. Hanna Kamieniecki a pris le parti de dérouler un panorama des mouvements de pensée et des théories médicales et philosophiques allant de l'Antiquité à nos jours. Au-delà de l'histoire des découvertes de la médecine et des avancées de la philosophie, l'auteur nous convie à suivre l'évolution des représentations fonctionnelles de l'être humain à travers les âges et les civilisations occidentales, jusqu'aux conceptions modernes de la psychosomatique contemporaine, constituée en discipline à part entière des sciences humaines. On ne peut qu'être impressionné par la somme des connaissances requises pour restituer, situer et organiser les apports cliniques et théoriques de ceux qui, également et bien souvent pionniers de la psychanalyse, frayèrent la voie à une approche intégrée de l'individu, ainsi que par le travail de classification et de clarification conceptuelles auquel s'est livré H. Kamieniecki. Elle s'attache à rendre compte des mouvements de balancier dont ont perpétuellement été animées l'histoire et la philosophie de la médecine, et à montrer l'opposition, pour ne pas dire le clivage, existant entre les conceptions organicistes, mécanicistes, placées sous le primat des entités pathologiques et de leur description nosographique, et la conception humaniste qui porte son intérêt et un regard privilégié sur le sujet malade plutôt que sur la maladie. Les années 30 verront l'éclosion de l'École de Chicago et de différents courants de recherche européens et français. C'est sous l'influence de la pensée de Pierre Marty et des fondateurs de l'École psychosomatique de Paris que la psychosomatique s'instaurera comme une branche des sciences humaines définie par son objet : la personne humaine dans sa lutte contre la mort, incluant la maladie dans la logique du vivant. Si l'histoire de la psychosomatique en tant que telle est récente, la philosophie qui la fonde - à savoir : la notion de l'unité essentielle de l'être humain, et de la maladie comme manifestation d'un dynamisme vital - remonte aux temps les plus reculés de l'Antiquité. L'auteur ne manque pas d'attirer l'attention sur la difficulté conceptuelle singulière de cette discipline, qui tient, entre autres, au paradoxe épistémique constitué par l'unité ontologique de l'être humain, et la pluralité phénoménologique de ses niveaux de fonctionnement. Ne pouvant échapper à cette contrainte, l'histoire des doctrines médicales et philosophiques qui se succéderont pour tenter de rendre compte du vivant humain, ne cessera d'osciller entre des modèles mécanicistes et/ou éthico-culturels de la maladie, tout en étant traversée par le courant naturaliste qui tentera de surmonter et de dépasser l'aporie du dualisme psyché/soma, sans y être toujours parvenu. Dans le contexte de grands mouvements de transformation de la pensée médicale, révolutionné par les théories de l'évolution de Charles Darwin, on commencera à admettre l'idée d'un retentissement pathogène probable de certains états affectifs sur le corps. W. James, et surtout Pierre Janet, seront les premiers à définir les émotions comme «la conséquence d'un échec de l'adaptation» à certaines situations et à faire l'hypothèse d'un «ensemble de troubles dans toutes les fonctions de l'organisme» qui s'exprimerait à la place de la réaction utile, ce qui implicitement introduit la notion d'une action dérégulatrice, des affects. Le parcours généalogique qu'effectue H. Kamieniecki éclaire ainsi le lecteur sur la façon dont le prodigieux développement des sciences dites fondamentales donnera naissance à de nouveaux modèles étiologiques qui domineront l'esprit médical à partir, entre autres, des découvertes de Claude Bernard. La psychiatrie elle aussi adhérera à ce scientisme, et l'on verra encore une fois l'affrontement des deux courants réactualiser le vieux débat entre dualisme et monisme, entre rationalisme positiviste et néo-vitalisme. En 1893, Freud, dans son travail sur les paralysies hystériques avait mis en évidence le rôle décisif des représentations mentales dans l'altération des fonctions motrices, indépendamment de lésions anatomiques (inexistantes) du système nerveux. A l'origine d'un groupe de réflexion d'analystes de la S.P.P., G. Parcheminey et M. Ziwar, partant de la critique du modèle conversionnel, récuseront la généralisation du modèle hystérique aux manifestations somatiques, et la notion même de psychogénèse. La psychosomatique une fois sortie de ce que Ziwar nommera "l'ornière dualiste" , sera ensuite intégrée aux théories de l'adaptation, et l'on considérera troubles psychiques et perturbations somatiques comme deux expressions d'un même échec fondamental de l'adaptation. En contrepoint de ces recherches cliniques et conceptuelles, Pierre Marty, en 1952, aborde le fait psychosomatique d'un point de vue radicalement nouveau. Il propose une théorie fonctionnelle et évolutionniste de l'être humain, et montre que la schématisation d'un découpage de la réalité selon la méthode expérimentale ne peut rendre compte de l'entité dynamique, constitutive de l'individu. Il développe une conception originale selon laquelle le facteur essentiel du «fait» psychosomatique est la participation du sujet lui-même à l'éclosion de sa maladie. A la suite du XXIIe Congrès des Psychanalystes de Langues romanes, moment fondateur à la faveur duquel P. Marty et M. de M'Uzan firent une communication sur la pensée opératoire, la psychosomatique acquiert un statut de discipline singulière, distincte de la médecine et de la psychanalyse. Partant du modèle conversionnel et de sa comparaison avec les névroses traumatiques de guerre, Freud avait introduit le point de vue économique et la notion de points de fixation. D'un point de vue épistémologique, le concept de névrose actuelle, concept-limite entre le psychique et le somatique peut légitimement être considéré comme l'un des éléments fondateurs d'une théorie psychosomatique, qui opérera un certain nombre de virages basés sur la critique du modèle de la conversion hystérique, et pour s'en écarter et pour s'en distinguer. Dans la troisième partie consacrée aux pionniers de la psychanalyse (après 1910) auxquels la psychosomatique doit bon nombre de notions fécondes, dont la paternité est parfois ignorée, souvent oubliée, l'auteur montre avec talent l'articulation complexe des différents courants de recherches : G. Groddeck (le concept du Ça) ; S. Ferenczi (la névrose d'organe) ; W. Reich (stase libidinale destructrice de l'équilibre biologique). Dans les années 30 naîtra aux U.S.A. l'École de médecine psychosomatique, dite de Chicago, autour de F. Alexander, marquée par le souci d'établir des correspondances entre les maladies somatiques et la personnalité. H. Kamieniecki met en perspective et en relief les notions et concepts par lesquels la théorie de Marty s'est radicalement démarquée des mouvements de pensée qui l'ont précédée comme une nouvelle épistémologie et un nouvel outil se présentant pour la compréhension de «la chose» psychosomatique, premier corpus doctrinal définissant un «ordre psychosomatique» . Dans la dernière partie de l'ouvrage, l'auteur accordera une large place à la recherche en psychosomatique de l'enfant, inaugurée par les travaux fondateurs, en pédiatrie et/ou en psychanalyse, de R. Spitz, D. Winnicot, et d'illustres successeurs parmi lesquels S. Lebovici, M. Soulé, L. Kreisler, M. Fain, D. Braunschweig, dont les recherches et réflexions à propos des troubles fonctionnels précoces, de la naissance au 9e mois, ont fait date et autorité. Enfin elle dessinera un panorama des courants de recherche contemporains et des travaux actuels, dans la mouvance et la filiation de la pensée de l'École de Paris ; parmi d'autres, les notions de subversion libidinale, introduites par C. Dejours, de refoulement de l'imaginaire par Sami Ali, ainsi qu'un aperçu de l'apport conceptuel des travaux nord et sud américains. On pourrait regretter que l'auteur, par souci d'information et d'impartialité, se soit retenu de se livrer davantage, sauf exception, à une critique épistémologique de certaines conceptions théoriques. Sans doute s'agit-il là d'un choix, celui de laisser le lecteur libre, nourri à ce qui lui paraît le plus convaincant, de reconstruire sa propre théorie, en dehors de tout prêt-à-penser. |
Note de contenu : | Bibliographie |
Exemplaires (5)
Code-barres | Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité |
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10016783 | KAM | Ouvrage | BSF Paris | Salle de lecture : Ouvrages A-Z | Disponible au prêt |
10013422 | KAM | Ouvrage | BSF Paris | ψ Réserve : Ouv. A-Z | Consultation sur place |
10018463 | KAM | Ouvrage | BSF Paris | ψ Réserve : Ouv. A-Z | Consultation sur place |
07001443 | KAM | Ouvrage | CPRS Genève | Bib. CPRS | Disponible au prêt |
08000114 | 131/KAM | Ouvrage | Toulouse | Bib. Toulouse | Disponible au prêt |