Type de document : | texte imprimé |
Titre : | Le trouble de la réalité : de l'ersatz à la construction |
Auteurs : | / Michel GRIBINSKI |
Editeur : | Paris : Gallimard, 1996 |
Importance : | 253 p. |
Collection : | Connaissance de l'inconscient |
Sous-collection : | Tracés |
ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-07-074452-7 |
Format : | 253 p. / 18 cm |
125 FF | |
Note générale : | Analyse in Lectures, Actualités de la Bibliothèque Sigmund Freud, 1997, n° 15, par A. Laquerrière |
Langues: | Français |
Mots-clés : | Réalité ; Construction ; Objet |
Résumé : |
Analyse par A. Laquerrière parue dans Lectures, 1997, n° 15 :
M. Gribinski, membre de l'Association psychanalytique de France, nous propose un ouvrage original et brillant, composé d'articles déjà publiés et de conférences inédites, l'unité y trouvant son compte par une pensée que seul un lecteur averti reconnaîtra. Je ne rendrai pas compte de tous les chapitres, ce qui disperserait le message de l'auteur à la psychanalyse. Le sous-titre du livre "De l'ersatz à la construction", me servira de guide dans ce compte rendu. Michel Gribinski va cueillir les mots dans leur lien aux choses, ce qui le conduit à explorer, tel un archéologue intransigeant, ce ce que les mots utilisés dans notre pratique clinique et notre corps théorique contiennent d'expériences vivantes. Il s'y emploie avec un réel talent d'écrivain et une connaissance de l'événement vécu, dans le transfert en particulier. Animé par "l'amour des commencements" (J.-P Pontalis, 1986), il chemine en fouillant par exemple dans l'étymologie française ou allemande voire anglaise, pour trouver que, si "construction" est bâtir, édifier, "Konstruktion" est projet, esquisse, arrangement de liens. L'ersatz est objet de substitution, et, brièvement, le fait même de penser est un ersatz de l'hallucination (Freud) ; tout est toujours substitution de quelque chose. Revenant incessamment à son œuvre, il nous rappelle que Freud a toujours réaffirmé (jusque dans un de ses derniers textes Constructions en analyse, 1937) que l'analyse progresse par construction et qu'une interprétation n'est que "condensation et déplacement du récit de la construction". L'analyste devine (sic -Freud) et construit à partir des traces et indices que le patient livre par ses souvenirs, ses récits, l'agir transférentiel. L'inconscient caché au patient n'est accessible que par l'acte psychique de deviner la façon dont les choses sont inscrites. La construction proposée au patient, en même temps qu'elle provoque un trouble dans la réalité, ouvre au surgissement de récits, associations dans lesquels l'analogie et la ressemblance confirment, tout en le déplaçant, le contenu de vérité de la construction, de l'histoire ou de la préhistoire. Cette construction deviendra elle-même trace. Suivant la pensée de l'auteur, retenons que "deviner et construire sont ou bien les deux temps logiques de la tâche de l'analyste, ou quasiment synonymes", et que "la communication au patient de ce qu'on a deviné n'est pas différente d'une sorte de conceptualisation primaire". Interrogeant la scène primitive à travers la disposition théâtrale, M. Gribinski nous invite à revoir notre formalisation des scènes dites primitives où se trouve logée la pensée de l'originaire. Ainsi il nous conduit à travers l'illusion théâtrale à concevoir un détournement plutôt que l'habituel déplacement à la saisie de la scène qui nous implique en nous refoulant de l'autre côté du rideau. Interdit, plaisir, séparation sont inscrits dans l'ordonnancement théâtral dont le premier exemple est donné par le Théâtre Olympique de Vicence construit par Palladio et destiné à Œdipe roi. Le lecteur intéressé pourra scruter le texte pour saisir le destin d'une scène qui ne répond pas à ces critères : objectivée, comprise, vraisemblable, l'illusion est perdue, il n'y a plus rien à deviner. Dans une lettre à Ferenczi en 1915, Freud écrivait : "J'estime qu'on ne doit pas faire de théories. Elles doivent tomber à l'improviste dans notre maison, comme un étranger qu'on n'avait pas invité." C'est en interpellant l'imagerie quotidienne que M. Gribinski évoque, ainsi que j'ai cru le comprendre, les amateurs de concept et théorie qui ont pris Freud et l'analyse à l'envers, les uns créant leur concept au risque de perdre la chose, les autres appliquant une théorie sur le monde fantasmatique et imaginaire qui n'arrive que pour montrer le bien fondé de leur théorie. En guise d'illustration et de modèle, il analyse un concept créé par Winnicott, "Ego Alien", portant l'étranger en lui-même, qui eut le mérite de rendre compte d'un fait transférentiel en le complexifiant, plutôt qu'en offrant une perspective simplificatrice et déjà connue. L'inquiétant et l'étrange s'entrelacent au fil des pages donnant au lecteur le sentiment d'être invité à une promenade intime, aux frontières d'une scène qui s'offre et lui échappe, analogue aux fantaisies déployées dans une séance d'analyse. L'accès aux traces, souvenirs, inscriptions mnésiques, c'est aussi pouvoir aller à l'étrange et se déprendre de son identité. Le style de l'ouvrage est surprenant, tout à tour proche et direct, toujours vivant, inattendu, s'offrant lui-même à l'analyse. Présentation de l'éditeur : L'ersatz et la construction sont des mots et des expériences ordinaires. L'ersatz a eu son heure de gloire sinistre pendant la dernière guerre, et depuis, il a repris sa place au cœur de l'événement habituel de la vie. Est-ce vraiment cela ? Est-ce bien elle ? Y suis-je enfin ?, sont des expressions d'une quête de la réalité, que soulignent les adverbes. Elles disent que la vie et la pensée de tous les jours connaissent des leurres, qu'on invente l'être cher, que nous pouvons nous contenter d'une illusion et que même la joie de l'illusion, ou les armes, l'émotion vive, les "affects " sont trompeurs. Et le fait même de penser est, dit Freud, un ersatz. Que remplace "le penser " ? Va-t-on entrevoir l'Objet même ? Hélas, le porteur de lumière est absent. En prenant sa place sur un théâtre d'ombres, l'appareil à penser fabrique l'objet véritable. Mais penser remplace une hallucination, une activité hallucinatoire des rêves et de l'infans. Or, là-dessus aussi, l'infans se tait, tandis que son complice le rêve soliloque, un peu trop prolixe en indiscutables secrets : on ne saura pas par eux si on a gagné ou perdu au change. A moins qu'une construction... La construction aussi est une expérience de chacun. Les récits de nous-mêmes, notre histoire et son passé, l'usage que nous faisons du monde et l'image que nous voulons donner, ce que nous racontons et ce que nous croyons en silence sont des constructions. La simple écoute de qui nous parle construit ce que nous pensons entendre. La construction établit des connexions entre nos objets de substitutions, elle bâtit leur histoire avec nos dissonances. Elle accueille le grand trouble indicible de la vie, le trouble de la réalité. |
Exemplaires (7)
Code-barres | Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité |
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10013901 | GRI | Ouvrage | BSF Paris | Salle de lecture : Ouvrages A-Z | Disponible au prêt |
10013900 | GRI | Ouvrage | BSF Paris | ψ Réserve : Ouv. A-Z | Consultation sur place |
10018437 | GRI | Ouvrage | BSF Paris | ψ Réserve : Ouv. A-Z | Consultation sur place |
07001170 | GRI | Ouvrage | CPRS Genève | Bib. CPRS | Disponible au prêt |
06000665 | GRI | Ouvrage | St-Etienne BFP | Bib. Francis Pasche | Disponible au prêt |
06001904 | GRI | Ouvrage | St-Etienne BFP | Bib. Francis Pasche | Disponible au prêt |
08000691 | 753/GRI | Ouvrage | Toulouse | Bib. Toulouse | Disponible au prêt |