Résumé :
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Cet article pluridisciplinaire, qui est basé sur La voix du bois, un petit récit de Pierre Bergounioux, montre comment la lecture crée des espaces. Le narrateur de ce récit se remémore sa première lecture, un « événement » qui est venu désarticuler sa réalité. En premier lieu, une analyse littéraire de ce texte permet d'identifier trois types de configurations spatiales entre fiction et réalité : ubiquité (Rosolato), points de contact (Freud) et extimité (Lacan). Deuxièmement, la multiplicité des pertes au sein du texte est étudiée à travers une analyse métapsychologique de la lecture fondée sur une relecture du texte de Freud sur le Wunderblock (l'inexcitabilité périodique du système perceptif contribuerait non seulement à la formation de représentations temporelles mais également à celle de représentations spatiales), et une mise en exergue des pulsions à l'œuvre dans la lecture qui reposent sur la recherche d'objets perdus (regard et voix). Enfin, dans une troisième partie, l'article relie les trois configurations spatiales à trois types d'objets qui sont présent dans l'acte de lire : l'objet lu requiert un espace géométrique représenté et stable, l'objet perdu creuse un trou dans la représentation et dé-stabilise l'espace (Schilder), das Ding engage un au-delà de la représentation, désarticulant temporairement tout espace représentable et causant un événement.
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