Résumé :
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Les fantasmes de cannibalisme sous-tendent certains des mécanismes clés en psychanalyse: identification, incorporation, introjection et internalisation. Freud (1917) considérait la mélancolie comme une incorporation de l'objet par dévoration; Julia Kristeva (1989), quant à elle, envisage l'imaginaire mélancolique du cannibalisme comme étant un désaveu de la perte, une destruction qui vise à posséder l'objet. L'auteure de cet article soutient que le cannibalisme est un concept permettant de comprendre la double dynamique de la trichotillomanie et de la trichophagie, en tant qu'une déconnexion destructrice suivie de l'incorporation de l'objet; l'une et l'autre tendent vers une reconnexion magique avec ce qui avait été déconnecté afin d'établir un lien avec la mère/analyste. La passion paradoxale de consommation de l'objet du désir, symbolisé ici par les cheveux (apparentés à un cordon ombilical et un lien à l'objet maternel) est au cœur du fantasme de cannibalisme, celui de ne jamais perdre l'objet en le détruisant.
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