Tipo de documento: | Serial check-in : documento electrónico |
Título: | Psychoanalysis.today n° 14 - 2021 Racisme : origine ethnique et sociale, castes et religions |
Fecha de publicación: | 2021 |
Langues: | Francés |
Resumen: |
EDITORIAL :
Ce numéro de Psychoanalysis.today s’efforce d’élargir le point focal de la psychanalyse de l’individu au groupe, et d’appliquer un prisme psychanalytique à des questions d’origine ethnique et sociale, de castes et de religions. Le racisme structurel perpétue la marginalisation des Noirs, des Indiens et des réfugiés en termes d’accès à des positions valorisées dans la société brésilienne. Cette situation se reflète dans les institutions psychanalytiques, qui comptent une proportion particulièrement faible d’analystes noirs parmi leurs membres. Selon Ignácio Alves Paim Filho et Wania Maria Coelho Ferreira Cidade, un rôle essentiel revient à la psychanalyse et à ses structures dans la résolution de ce problème. Il en va ainsi de l’étude des mécanismes psychiques, qui perpétuent ces discriminations, mais aussi des moyens d’interférer concrètement avec cette situation d’inégalité, par la mise en œuvre de pratiques antiracistes au sein des institutions concernées. Le rejet de l’autre, du différent, est une réalité dramatique qui traverse l’histoire du monde sous les traits du racisme, de l’exclusion sociale ou des castes, pour ne citer que ces exemples. Comprendre les racines et les mécanismes inconscients de ces phénomènes est une contribution importante que peut offrir la psychanalyse. Viviane Mondrzak propose de réfléchir sur ce thème, sous l’angle des préjugés. Ces derniers sont une partie constituante du psychisme, mais, traversée par des variables intrapsychiques, intersubjectives et socioculturelles, celle-ci finit par connaître une évolution maligne et par s’exprimer à travers des comportements violents et de déshumanisation de l’autre. La terrible et sombre époque du nazisme n’a pas conduit le seul Sigmund Freud à émigrer de Vienne à Londres, en 1938. Elle a également poussé de nombreuses autres personnes persécutées et aujourd’hui presque oubliées, dont des psychanalystes juifs, à quitter leur patrie. La psychanalyste Ilia Borovikov et l’historienne Karola Fings ont mené une enquête minutieuse sur les traces du psychanalyste Julius Mändle qui travailla à Cologne dans les années 1930 avant d’émigrer au Brésil en 1940. Cette enquête, à l’image de la pose des « Stolpersteine » par l’artiste allemand Gunter Demnig, apporte une contribution importante à la lutte contre l’oubli, en faveur de la mémoire et du recours à l’histoire, quand de nouvelles injustices se produisent. La disposition commune au racisme et à la paranoïa pourrait être pensée comme la perte d’un objet maternel englobant qui garantissait jusqu’alors l’identité du sujet et sa position par rapport à son moi idéal. Comme le délire paranoïaque, le racisme est une défense projective contre un fantasme homosexuel masochiste. Pour étayer son analyse, Gilbert Diatkine évoque le cas des frères Goncourt et celui de l’écrivain Louis-Ferdinand Céline. Les personnes victimes de discrimination font sans le savoir de gros efforts pour, tout à la fois, se protéger des préjugés et éviter de perdre leur identité. Dans son essai, Deeba Ashraf décrit son cheminement vers la prise de conscience de son identité culturelle et raciale, qui se situe entre ses origines et son environnement culturel actuel. Dionne Powell propose une analyse puissante et à juste titre exigeante du racisme structurel aux États-Unis. Elle engage les personnes blanches de ne pas esquiver le débat mais à reconnaître que le silence constitue une collusion avec le racisme. Elle en appelle au « bons ennuis », pour reprendre les mots du membre du Congrès John Lewis, une figure d’exception des institutions nationales américaines, en tant qu’activiste et personne de couleur. Au cours des siècles, la pratique répréhensible du système des castes, profondément ancré en Inde, n’a pas seulement exploité les corps et les esprits des opprimés mais a insidieusement altéré la conscience hindoue elle-même. Shifa Haq affirme que, dans ce contexte, la psychanalyse exige en Inde un engagement intrinsèque en faveur de la justice sociale. Lorsque une telle « altération » s’immisce dans la clinique, même de manière très subtile, l’analyse sera incomplète et celle-ci ne peut négliger la question des castes en tant que maladie touchant l’inconscient indien. Le racisme implique la non-reconnaissance de l’autre. Cette idée est développée par le Dr. Mirta Cohen dans sa brève communication, lorsqu’elle met en relation le concept de racisme et la langue en Amérique latine, et propose d’écouter l’autre à travers la reconnaissance de sa langue. Une langue qui représente chacun d’entre nous. De même, la psychanalyste Carin-Lee Masters, dans son article profond et émouvant sur le racisme en Afrique du Sud intitulé « Celle qui créa la voie lactée. Sentiment d’appartenance en Afrique du Sud » évoque le sentiment de ne pas être reconnu en tant que personne de couleur dans son propre pays. Espérons que ce numéro de Psychoanalysis.today saura stimuler la réflexion et l’action. |