Résumé :
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La réédition des " Années d'hiver ", épuisé depuis presque vingt ans ; répond à plusieurs motifs qui sont autant de nécessités, théoriques et politiques. Plus que l'argument d'une puissance à contretemps des vraies pensées critiques, on pourrait simplement faire valoir la stupéfaction que suscitent ces quelques textes : stupéfaction face à leur pleine actualité, sans séparer le sens philosophique du terme cher à Félix Guattari et Gilles Deleuze (celui d'un concept incarné, à l'oeuvre, en devenir) de son sens plus familièrement journalistique - tant sont flagrantes ici, presque à chaque ligne, l'acuité brûlante, la force anticipatrice, la valeur d'éclairage et d'outillage pour aujourd'hui de ces remarques éparses,' avancées il y a un quart de siècle. Car cet hiver mondial des premières années 1980, avec ses poussées droitières, son triomphe du marché et ses nouveaux esclavages subjectifs, Guattari en pressent avec une puissance inouïe la dimension de mutation historique et de tournant anthropologique. Par la diversité de leur énonciation, conférentielle ou confessionnelle, théorique ou anecdotique, et surtout de leurs objets (technologie, art, politique, psychanalyse, épistémologie...), ces fragments d'une oeuvre elle-même éparse en révèlent, mieux qu'aucun autre texte, l'extension formidable, la richesse circulatoire, les univers hétérogènes en même temps que la cohérence contagieuse. Outre qu'ils constituent des clés d'entrée dans l'univers guattarien, ces quelque trente textes peuvent être lus à la lumière de l'injonction que formulera Deleuze quelques années plus tard : " Il n'y a pas lieu de craindre ou d'espérer, mais de chercher de nouvelles armes. " C'est à la constitution d'un arsenal politique, théorique, subjectif, pour affronter les " années d'hiver " présentes ou à venir, qu'invite cet ouvrage.
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