Type de document : | texte imprimé |
Titre : | Les constructions de l'universel : psychanalyse, philosophie |
Auteurs : | / Monique DAVID-MÉNARD |
Editeur : | Paris : Presses Universitaires de France, 1997 |
Importance : | 124 p. |
Collection : | Pratiques théoriques |
ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-13-048735-7 |
Format : | 124 p. / 22 cm |
Note générale : | Analyse in Lectures, Actualités de la Bibliothèque Sigmund Freud, 1998, n° 20, par Dominique Bourdin |
Langues: | Français |
Mots-clés : | Philosophie ; Universel ; KANT, Emmanuel ; SADE, Marquis de ; LACAN, Jacques ; Pensée ; Désir ; Différence entre les sexes ; Concept ; Esthétique |
Résumé : |
Analyse par Dominique Bourdin parue dans Lectures, 1998, n° 20 : L'étude du concept d'universel que nous propose Monique David-Ménard, vice-présidente du Collège international de philosophie et psychanalyste, éclaire la complexité et en déconstruit les ambiguïtés, voire les confusions. Ce concept se référerait à une certaine position fantasmatique, plutôt masculine, dans laquelle le renoncement à un objet du désir exigé par la moralité prend appui sur l'équivalence entre tous les objets du désir au regard de l'inconditionnel formel de la Loi. Mais précisément cette position n'est peut-être ni évidente ni universelle, et la culpabilité féminine en particulier repose le plus souvent sur d'autres configurations, notamment de l'ordre du cauchemar et de la situation sans issue qui réduit à la passivité ; or il n'est alors besoin ni de se référer à un principe universel pour fonder le renoncement au désir ni de poser une équivalence rigoureuse entre tous les objets de désir. C'est au contraire la particularité d'un nouvel objet qui offre une issue au désir et permet le renoncement pulsionnel. Ainsi, la construction kantienne a sa force, mais elle n'est pas la seule possible et le prix à payer pour cette universalité, c'est la mise hors circuit non seulement de l'empirique mais du pathologiquement déterminé, c'est-à-dire de ce qui nous affecte. Le formalisme kantien, comme l'a déjà montré Lacan, après Nietzsche, se trouve ainsi animé d'un impératif catégorique cruel ; il est donc étrangement proche de la reprise par Sade d'un "pour tout homme" universel qui ne se réfère plus à un principe rationnel mais érige en inconditionné la jouissance du libertin, pour qui les objets de désir sont radicalement indifférents et par suite équivalents. Si la lecture de Kant de M. David-Ménard est précise et rigoureuse, retient l'intérêt et suscite la réflexion, il n'est pas nécessaire de la suivre sans réserves lorsqu'elle dissocie, voire oppose dans la pensée de Kant le renoncement pulsionnel à partir d'un inconditionné fondateur et l'universalité considérée comme équivalence de tous les contenus empiriques. Le principe de la moralité, s'il est rationnel et a priori, ne porte en effet aucun jugement de fait sur les contenus empiriques : c'est uniquement du point de vue du principe a priori et donc des ressorts de la décision morale qu'une certaine forme d'équivalence est posée. Il est donc à notre sens abusif de faire de l'universalité une dévalorisation de la particularité et de la différence, même si la volonté kantienne de fonder l'autonomie de la morale et sa récusation de Rousseau (qui fondait la conscience morale dans la sensibilité) représentent effectivement une position-clé de notre culture. De même, en esthétique, l'auteur retient la thèse du désir désintéressé mais récuse de façon quasi sophistique l'objectivité et donc l'universalité du beau. Or, il importe de saisir le moment kantien dans ce qu'il apporte de radicalement nouveau : qu'il s'agisse d'une construction et non d'une évidence, qu'elle occulte certains enjeux, n'empêche pas de souligner ce qu'elle offre comme possibilité de se constituer et de s'autonomiser, qu'il s'agisse du jugement de goût ou de la moralité. Tout en menant une discussion sérieuse, ce livre semble oublier le caractère critique de la position kantienne pour en faire un dogmatisme. Nos réserves n'enlèvent rien à l'intérêt des relectures que propose l'ouvrage : le "Kant avec Sade" de Lacan, des extraits des carnets de Léonard de Vinci, une réflexion sur les formules lacaniennes de la sexuation et le tribut qu'elles continuent de payer à l'idée d'universalité, s'efforcent de cerner la part de construction et surtout les soubassements fantasmatiques de l'idée d'universalité, et montrent assez clairement comment la philosophie tend à effacer (sans les faire disparaître) les traces de la position sexuée qui la produit, tandis que l'art les met en valeur.Le livre discute avec clarté et concision des questions essentielles. Il montre de façon convaincante comment la psychanalyse permet de mettre en évidence les impensés de la philosophie. Il est plus discret sur sa propre dette envers les positions relativistes ou celles de la déconstruction, avec les enjeux de société qu'elles véhiculent, notamment à propos du rapport au savoir ou à la moralité. Et l'on aimerait que soit également examiné ce qui se perdrait si l'on revenait en-deçà de la visée d'un universel : souligner la différence comme pure diversité peut être la négation de toute pensée ; tandis qu'une critique des points aveugles de l'universel, une fois celui-ci constitué comme pôle de référence, peut effectivement aider à prendre davantage en compte aussi bien l'affect que la différence des sexes. Mais, de ce point de vue, la prise de position de M. David-Ménard semble choisir de privilégier l'ambiguïté |
Exemplaires (1)
Code-barres | Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité |
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10010240 | DAV | Ouvrage | BSF Paris | ψ Réserve : Ouv. A-Z | Consultation sur place |