Type de document : | texte imprimé |
Titre : | Retraits psychiques : organisations pathologiques chez les patients psychotiques, névrosés et borderline |
Auteurs : | / John STEINER / Roy SCHAFER , préf. / Jacqueline ADAMOV , trad. |
Editeur : | Paris : Presses Universitaires de France, 1996 |
Importance : | 230 p. |
Collection : | Le fil rouge |
ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-13-047758-7 |
Format : | 230 p. / 21 cm |
Note générale : |
Analyse in LECTURES, Actualités de la Bibliothèque Sigmund Freud, 1997, n°16, par M.M. Jacquet.
in LECTURES, 1998, n°18, par M. Zard. |
Langues: | Français |
Mots-clés : | Retrait psychique ; Psychose ; Névrose ; États-limites |
Résumé : |
-- Analyse :
Analyse par M.M. Jacquet parue dans LECTURES, 1997, n°16 : J. Steiner, membre de la société psychanalytique britannique et psychothérapeute, consulte à la Tavistock Clinic de Londres. C'est dire que l'orientation kleinienne de son ouvrage est primordiale. Ce qui pourrait être un désavantage devient bien au contraire l'intérêt de ce travail. Celui-ci s'inspire d'une pratique clinique à partir de laquelle il nous est donné d'aborder les principaux concepts - l'identification projective par exemple, dans la plus grande clarté et avec toute l'actualité que représentent leur application aux patients borderline. Ces derniers, ni tout à fait au dedans, ni tout à fait au dehors de leurs objets, présentent en effet une propension à se réfugier dans ces "espaces limites" que sont les retraits autistiques. J. Steiner sait ainsi associer une diversité de cas cliniques à des notions élaborées par M. Klein dans une formulation parfois complexe ou peu accessible pour les non initiés qui, ici, collent fort justement au matériel clinique proposé. Ainsi se trouve éclairée, prolongée, développée la pensée et la pratique de M. Klein. J. Steiner se penche sur la fonction de retrait psychique utilisée par certains patients comme évitement de tout contact avec la souffrance et l'angoisse. Ce retrait, qui se manifeste essentiellement par le silence, prend l'aspect d'un lieu à la fois cruel et idéalisé où l'on recherche l'apaisement même si l'on continue à souffrir. L'auteur utilise fort à propos un langage imagé pour évoquer ces retraits comme "refuges, abris, asiles, havres..." De même, ces patients sont décrits comme "difficiles à atteindre", accrochés à cette position de retrait, qui est un "rapiéçage de la personnalité" certes, mais qui les amène "à se retirer dans leur coquille tels des escargots dont on touche les tentacules". Ces "éternels patients" qui "laissent ouvertes les vieilles plaies" ne progressent que si le traitement perdure. En quoi consiste alors la tâche du thérapeute, si ce n'est de chercher "à... tenir tête à un patient hors de portée". La prise en considération de ces retraits psychiques s'avère féconde aussi bien pour le soulagement du patient que le bon fonctionnement de l'analyste, car finalement, pour cet auteur anglais, non dépourvu d'humour comme il se doit, l'essentiel est bien non de proposer des recettes, mais de comprendre le patient et l'analyste tels qu'ils agissent tous les deux... Sur le plan théorique, Steiner se réfère à Freud et à son intérêt pour les obstacles au progrès de l'analyse (1937). De tels retraits psychiques, reflets d'organisations pathologiques à l'oeuvre dans diverses personnalités, sont conceptualisés par notre auteur, à la fois comme ensemble de défenses et comme système hautement structuré et très serré de relations d'objet. Ils sont, selon l'auteur, destinés à lutter contre les angoisses à la fois schizoparanoïdes et dépressives. Steiner fait l'hypothèse d'un continuum entre position schizoparanoïde et dépressive, et propose de distinguer différents degrés dans l'élaboration de ces deux positions énoncées par M. Klein de façon quelque peu clivée. L'objectif à atteindre avec le patient consistant à le faire passer de la peur de la perte à l'expérience de la perte. Steiner en vient à décrire ensuite divers types de retraits psychiques dans les organisations délirantes, narcissiques et perverses, pour lesquels ce retrait s'accompagne tout particulièrement de rancune, d'aigreur et de vengeance obtenue par renversement de situation. En dernière partie, Steiner quitte son cabinet de consultation et emprunte son matériel à une littérature de choix, celle de Sophocle au travers d'OEdipe roi et OEdipe à Colonne. Il nous semble là moins convaincant, mais cette étude originale et passionnante, a pour mérite de retracer le parcours historique de notre héros mythique confronté ici à des mécanismes du type "fermer un oeil", là où nous parlerions de déni, c'est le jeune OEdipe, puis au mécanisme de retrait dans la toute puissance pour fuir la vérité, c'est OEdipe vieillissant. L'ensemble de ce texte est d'une présentation vivante et pédagogique. Accompagné de schémas que l'auteur propose non comme outil, mais pour aider à penser le patient, sa lecture en est aisée. Parfois cependant, un souci insistant à vouloir "être compris", entraîne des résumés, des récapitulations redondants. On retrouve aussi l'importance du travail interprétatif propre aux thérapeutes kleiniens, avec ce qu'il peut avoir d'excessif parfois... Un patient ne se plaint-il pas à juste titre ?Centré sur la pratique, le fonctionnement de l'organisation psychique chez des patients précis pendant des séances précises, Steiner propose aussi des innovations de pensée issues de cette pratique, notamment à propos des ressemblances et des différences entre espaces transitionnels et retraits psychiques, du pardon ou encore des formidables problèmes techniques posés par ces patients qui ont tendance au retrait psychique. Préfacé par R. Schaffer, et se référant à de nombreux auteurs anglo-saxons récents et moins connus en France que Rosenfeld, Meltzer, Bion, Segal, nous voulons parler de Velacott, Fonagy, B. Joseph, J.H. Rey, O'Shaghnessy ou Riesenberg-Malcom, cet ouvrage paraît nécessaire à la bibliothèque de tout clinicien. Nous y souscrivons malgré quelques réserves de forme plus que de fond. M.M. Jacquet Analyse par M. Zard parue dans LECTURES, 1998, n°18 : John Steiner, membre de la Société britannique de Psychanalyse, est l'auteur de nombreux articles, d'un premier livre Clinical Lectures on Klein and Bion (1992). Retraits psychiques est le deuxième. J. Steiner, post-kleinien, étudie le "retrait" de patients difficilement accessibles avec lesquels le travail psychanalytique échoue. Chez ces patients, les expériences traumatiques de violence ou d'abandon vécues dans l'entourage donnent lieu à l'intériorisation d'objets perturbés et violents qui peuvent en même temps servir de réceptacle à la propre destructivité du sujet. Cette organisation défensive sert à neutraliser et à contrôler la destructivité primitive. Elle est aussi bien une expression de la destructivité qu'une défense contre elle. J. Steiner y voit la conséquence d'une séparation trop précoce, une expulsion prématurée dans un état de froid et de mort. Dans le fantasme inconscient, "le retrait" représente un retour au corps maternel. Le prix de cette sécurité et de cette absence d'angoisse est la pseudo-indépendance, l'arrêt du développement et la destruction du contact émotionnel. "Le retrait" est destiné à contrer la perception de la séparation. La véritable dépendance est ainsi évitée et remplacée par une fausse dépendance. D'une façon perverse, les patients trouvent dans ces retraits des satisfactions narcissiques et masochistes. Ils y arrivent en utilisant largement l'identification projective pathologique, l'idéalisation et un grave renoncement au sens de la réalité, la soumission servile à l'organisation qu'ils ont eux-mêmes construite dans leur monde intérieur. La contenance ainsi obtenue donne l'impression d'un objet protecteur. En réalité, le ciment qui retient ensemble les éléments est la perversion qui garantit aux victimes des gratifications et qui empêche les patients de se libérer. J. Steiner conçoit ainsi une troisième "position", la "position borderline" comparable aux positions schizoparanoïde et dépressive décrites par M. Klein. À la fin du livre, il se tourne vers la littérature pour examiner les deux grandes pièces de Sophocle sur OEdipe, qui ont influencé la psychanalyse. Il les utilise pour étudier et illustrer deux aspects du repli psychique : dans OEdipe-Roi, les mécanismes pervers qui permettent à la vérité d'être à la fois connue et niée, connue et inconnue ; dans OEdipe à Colone, une rupture plus radicale avec la réalité que Steiner appelle "retrait dans la toute-puissance pour fuir la vérité." C'est l'exemple du retrait psychotique. Comment ces patients peuvent-ils quitter leur retrait ? J. Steiner décrit longuement le découragement du psychanalyste, sa soumission à une grande pression. En effet, ces patients craignent de se transformer. Le désir de changement qui se trouve alors chez l'analyste devient un piège. L'auteur pose comme condition à celui-ci, le caractère vivant, l'authenticité et l'indépendance de l'analyste pour que soit expérimentée la "séparation". C'est le processus de deuil qui permet la récupération des parties perdues du self. Marie Zard |
Note de contenu : | Index, Bibliographie, Figures |
Exemplaires (5)
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