Type de document : | texte imprimé |
Titre : | Les chaînes d'Éros : actualité du sexuel |
Auteurs : | / André GREEN |
Editeur : | Paris : Odile Jacob, 1997 |
Importance : | 289 p. |
ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-7381-0443-4 |
Format : | 289 p. / 22 cm |
140 FF | |
Note générale : | Analyse in Lectures, 1997, n° 16, par Dominique Bourdin |
Langues: | Français |
Mots-clés : | Sexualité ; Pulsion sexuelle ; Théorie psychanalytique ; Jouissance ; Sexualité féminine ; Pulsion ; Traumatisme ; Bisexualité ; Homosexualité ; Pédophilie |
Résumé : |
La sexualité n'est plus la même que du temps où Freud en a théorisé le fonctionnement psychique. Ses successeurs, quand ils n'en ont pas relativisé l'importance, lui ont assigné une tout autre place que celle que Freud lui avait originellement donnée. Il est donc temps de repenser la problématique du sexuel au regard de la psychanalyse contemporaine, et cela d'autant que la sexualité reste un élément essentiel de la construction psychique. C'est donc à une véritable entreprise de re-fondation que se livre ici André Green. Selon lui, la sexualité, vue au prisme de la psychanalyse, est une « chaîne érotique » constituée de différentes étapes (pulsion, désir, fantasmes, langage érotique, etc.). Il s'agit moins de traiter chaque étape séparément (comme l'ont fait d'autres approches psychanalytiques), que de préciser à tout moment à quel maillon de la chaîne l'analyste se situe. Ainsi peut-il suivre, chez son patient, la dynamique du processus érotique. D'autres aspects théoriques sont également abordés, notamment, sur cette question de la sexualité, la confrontation de l'interprétation psychanalytique avec les données de l'anthropologie et de la biologie.Cet essai incisif dessine de nouveaux horizons pour la psychanalyse.
Analyse par Dominique Bourdin aprue dans Lectures, 1997, n° 16 : Que dire du dernier ouvrage d'André Green, Les chaînes d'Éros, tant ces réflexions viennent éclairer et nourrir notre travail quotidien, que dire donc qui ne soit pas vaine redite ? Peut-être faut-il simplement souligner combien ce livre allie des qualités contradictoires. Accessible à un lecteur cultivé qui ne serait pas psychanalyste, il soutient l'intérêt, relance l'interrogation, et permet d'ouvrir à un public plus large cette actualité qui n'est pas celle des médias, la vie des débats et recherches de la psychanalyse. II comporte pourtant des pages fort techniques, qui reviennent par exemple à un commentaire précis de certaines lettres à Fliess, pour mieux montrer comment s'élabore la théorie pulsionnelle et notamment la conception freudienne de la traduction psychique. Ouvert donc, malgré sa précision et sa technicité, ouvert dans son esprit mais aussi dans sa forme - celle de chapitres thématiques denses et la plupart du temps assez courts - le livre associe encore la polémique et la démarche fondamentale. Polémique contre l'évacuation du sexuel hors de la psychanalyse elle-même, réfutation précise et argumentée du kleinisme et ses dérivés, polémique contre la méthode positiviste qui recourt à l'observation des bébés comme à une preuve des élaborations théoriques, reprise de critiqués décisives contre la pensée lacanienne, polémique contre l'objet-source de Laplanche ou contre les conceptions de la féminité de J. André qui en dérivent : l'auteur ferraille, sans complaisance mais sans arbitraire, puisque c'est chaque fois justement par un recours aux références de base, et aux enjeux de fond de la psychanalyse, qu'il vient étayer ses refus, et, ce qui est encore plus précieux, proposer des voies de dégagement et d'élaboration. Ainsi en est-il du maternel, du sexuel féminin, de la jouissance, à la lumière d'une conception psychanalytique : la psychanalyse française se démarque ici des courants anglo-saxons, en ce qu'elle n'omet pas les dimensions érotiques et fantasmatiques des relations précoces, et cherche à rendre compte de l'origine du sexuel, mais parfois, comme chez Laplanche, en voulant effacer son ancrage pulsionnel. Or le fait de souligner et d'expliciter cet ancrage contribue à montrer à quel point nous n'en finissons pas de répudier ce qui demeure en nous de l'empreinte maternelle, et conduit à réexaminer la question de la bisexualité. C'est aussi pourquoi une dérive esthétisante de la psychanalyse, qui évite le corporel et la question de la douleur, ou atténue les paradoxes du masochisme, ne peut nous satisfaire. Pour la psychanalyse, le sexuel est un invariant décisif : car elle ne s'en tient pas à la seule apparence, ne se contente pas d'ajouter une part refoulée à la part visible, rend compte de la diversité de ses formes ordinaires comme de ses expressions marginales, réprouvées ou sacralisées. L'intérêt des travaux de Stoller est ici noté. Le sexuel ne se donne pas à comprendre à part, hors de ses relations avec le non-sexuel, car il fait lien, et c'est cette imprégnation par le sexuel, ce pouvoir du sexuel dans des registres qui lui semblent étrangers qui soulève des résistances, y compris dans la psychanalyse. C'est en revanche ce que Winnicott ne sous-estime pas, lors même que ce qu'il étudie s'écarte du champ directement sexuel, car pour lui la pulsion demeure la clef de la santé psychique de la petite enfance. Un autre registre décisif est celui des rapports entre le somatique et le psychique, et l'ouvrage reprend et prolonge sur ce point les considérations présentées dans La causalité psychique ; il cherche à préciser la fonction des références biologisantes de Freud et se montre particulièrement convaincant lorsqu'il énumère les amputations de la psychanalyse qui seraient l'effet d'une récusation effective de sa référence biologique. La reprise rigoureuse de la notion de psycho-sexualité sous-tend, me semble-t-il, toute la réflexion. Il est en effet urgent, selon A. Green, de reconsidérer les conséquences de la désexualisation de la théorie et de la pratique psychanalytiques. La réflexion, fondamentale, sur la traduction psychique et le pulsionnel comporte des remarques décisives sur la temporalité. Penser l'Éros non pas comme un secteur de l'existence, mais comme un enchaînement indéfini permet d'appréhender l'hétérogénéité des temps, de faire chanter la polysémie des jeux de la pulsion avec ses objets, au contraire d'une certaine univocité réductrice qui caractérise les conceptions de la relation d'objet. Alors peut se déployer toute la richesse de la chaîne érotique, de la pulsion ancrée dans le somatique jusqu'à la sublimation, en donnant toute sa place à Éros, qui est à la fois force et amour, et dont la libido sera l'indice (ou l'exposant). Et voici qu'au fil des pages, sont reprises et situées un certain nombre de thèses fondamentales de l'auteur, par exemple sur l'objectalisation et la désobjectalisation, ou sur la tiercéité, ainsi que des remarques parfois provocantes ; en les sertissant ainsi de nouvelles considérations, le livre permet d'en appréhender la nécessité interne, mais aussi le tranchant, le travail de discrimination qu'elles opèrent, en même temps qu'elles peuvent se prévaloir de leur fécondité clinique. Au total, l'ouvrage se déguste, mais surtout donne à penser, suscite l'envie de relire, de reprendre des questions essentielles, car il propose de multiples clefs de lecture. Il peut servir d'introduction à un problème mal connu, ou de synthèse et de dossier de travail sur ce que nous voulons approfondir, et il faudrait justement souhaiter qu'il serve d'instrument de réflexion et de recherche ou d'occasion de débats, plutôt que de référence quasi dogmatique, qu'on en fasse l'éloge ou qu'on la repousse... Oserai-je dire que l'auteur me semble présenter ainsi une psychanalyse heureuse ? Non pas idyllique ou facile, et l'amertume reste sous-jacente à la dénonciation des oublis du sexuel et des dérives de la pensée psychanalytique. Mais il est question tout de même d'une psychanalyse sereine, au cœur même de la polémique, tant la richesse inépuisable de ce qui est à vivre et à penser fait qu'il ne s'agit pas seulement de barouder mais de comprendre, pas seulement de dénoncer, mais d'ouvrir des voies à la pratique psychanalytique comme à ses théorisations. On en retire l'impression que revenir aux sources est ce qui permet de défricher des terrains encore quasi vierges, et parfois obscurcis, recouverts, refoulés. On y voit à l'œuvre une pensée libre, dans le va-et-vient entre les textes les plus classiques et les aperçus les plus audacieux, dans le risque des positions tranchées, dans la possibilité d'une pensée qui relève philosophiquement d'un matérialisme ouvert et sans concession, et qui ne peut accepter que l'on voile l'omniprésence du sexuel, ni que l'on déguise les exigences du travail de vérité |
Note de contenu : | Bibliographie |
Traduit sous : |
Exemplaires (9)
Code-barres | Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité |
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10015383 | JBP-GRE | Ouvrage | BSF Paris | Fonds J.-B. Pontalis | Consultation sur place |
10001102 | GREEN | Ouvrage | BSF Paris | Salle de lecture : Grand Corpus | Sorti jusqu'au 20/10/2024 |
10020299 | GREEN | Ouvrage | BSF Paris | Salle de lecture : Grand Corpus | Disponible au prêt |
10000955 | GREEN | Ouvrage | BSF Paris | ψ Réserve : Grand Corpus | Consultation sur place |
07001145 | GRE | Ouvrage | CPRS Genève | Bib. CPRS | Disponible au prêt |
50000739 | GRE/0833 | Ouvrage | Lyon | Bib. GLPRA | Disponible au prêt |
50000740 | GRE/2244 | Ouvrage | Lyon | Bib. GLPRA | Disponible au prêt |
06000697 | GRE | Ouvrage | St-Etienne BFP | Bib. Francis Pasche | Disponible au prêt |
08000685 | 747/GRE | Ouvrage | Toulouse | Bib. Toulouse | Disponible au prêt |