Type de document : | texte imprimé |
Titre : | L'homme agressif |
Auteurs : | / Pierre KARLI |
Mention d'édition : | édition de poche |
Editeur : | Paris : Odile Jacob, 1996 |
Importance : | 470 p. |
Collection : | Opus |
ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-7381-0376-5 |
Format : | 470 p. / 19 cm |
75 FF | |
Note générale : | Analyse in Lectures, Actualités de la Bibliothèque Sigmund Freud, 1996, n° 13, par D. Bourdin |
Langues: | Français |
Mots-clés : | Agressivité ; Cerveau ; Comportement ; Neurobiologie ; Agression ; Animalité ; Fatalité ; Responsabilité |
Résumé : |
Analyse par D. Bourdin, parue dans Lectures, 1996, n° 13 : La réédition en poche de l'ouvrage du neurobiologiste Pierre Karli clarifie, pour un large public, la contribution de la biologie à la compréhension des conduites d'agression. D'entrée, Pierre Karli indique l'enjeu social et politique de sa réflexion. Le pouvoir est tenté de s'adresser au biologiste pour mettre fin aux comportements agressifs d'individus marginaux en agissant sur le cerveau, par la chirurgie du cerveau ou la psychopharmacologie ; on l'interroge même sur l'évaluation de la responsabilité juridique. Mais s'il refuse les rôles qui ne sont pas les siens, et estime que l'agressivité de l'homme doit se penser d'abord en termes de relations avec son environnement et avec ses semblables, le biologiste n'écarte pas pour autant l'agressivité humaine de son champ d'investigation : c'est le cerveau qui assure la gestion de ces relations. Générateur de sens, il est le lieu de convergence, d'interaction et de structuration réciproque de systèmes biologiques, psychologiques et sociologiques et la connaissance de ses fonctions et de ses mécanismes est donc indispensable. Mais il ne faut pas interpréter dans un seul sens, du cerveau aux comportements, ces relations structurelles. La nécessité s'impose d'une interdisciplinarité vraie, qui mette en relation des phénomènes et des processus mis en évidence par différentes disciplines (et non les idées que nous pensons pouvoir en abstraire). Les propos sur l'agressivité humaine sont le plus souvent eux-mêmes passionnels, donc colorés d'agressivité, et mis au service de causes parfois fort discutables. Pierre Karli réfute avec vigueur le mythe d'un instinct d'agression lié à la permanence de l'animalité en l'homme et présenté comme l'explication fataliste ultime qui sert d'alibi et de bouc émissaire commode pour esquiver la réflexion, comme la responsabilité. Des conceptions particulières de l'homme et de la société sont ainsi projetées sur la nature pour être ensuite récupérées sous une forme naturaliste plus contraignante, traçant en général des limites pessimistes à ce que l'homme peut entreprendre. Nous avons préféré indiquer l'orientation et les enjeux de l'ouvrage plutôt que le détail des explications du biologiste sur le système limbique et les processus hormonaux, remarquables par leur clarté et leur pertinence. Après un chapitre liminaire qui étudie la notion d'agression et réfute les positions de Lorenz sur l'instinct d'agression, la première partie dresse le cadre d'une étude biologique du comportement, en insistant sur l'idée d'une histoire des interactions entre le cerveau et le comportement, et en étudiant la neurobiologie des processus de motivation et de décision. L'auteur peut alors mettre en évidence les divers moyens d'agir sur le comportement, qu'ils soient biologiques, sociaux ou psychothérapeutiques, en s'interrogeant sur les conditions qui différencient une thérapie d'une manipulation mentale. L'étude peut alors cerner plus précisément son objet par un examen des facteurs qui contribuent à déterminer la probabilité d'une agression, et une présentation de la neurobiologie des comportements d'agression : la perception et l'interprétation de la situation "agressogène", c'est-à-dire la genèse des émotions aversives, est dans une relative corrélation avec les taux hormonaux, alors que les actes agressifs ne le sont pas ; le comportement fait place aux répercussions de l'expérience passée, donc à la singularité d'une histoire ; l'étude précise de l'installation ou de la disparition éventuelle de comportements tueurs chez des rats en présence de souris (rats muricides) permet à la fois de dégager les phénomènes biologiques pertinents et d'engager une discussion nuancée sur la légitimité de l'extrapolation à l'homme des observations sur l'animal ; le rôle médiateur de l'amygdale, dans le système limbique, est mis en évidence. On peut dégager de ces analyses la valeur instrumentale de l'agression et les processus qui peuvent retenir l'agresseur éventuel. La conclusion de l'ouvrage revient aux préoccupations humanistes et sociopolitiques de l'auteur : faut-il restructurer la personnalité ou promouvoir des changements d'ordre social ? Que peuton attendre des psychothérapies ? Quelle place donner à l'éducation, à la prévention, à la répression ? Comment aborder la question de l'agressivité dans la ligne de la responsabilité plutôt que dans celle de la fatalité ? Mais ces questions qui sont communes au biologiste et au non spécialiste sont reprises à la lumière des développements scientifiques antérieurs : le propos du biologiste n'est pas de faire oeuvre de moraliste ou d'apporter sa contribution à une philosophie politique, même s'il ne cache pas son option «personnaliste» ; il s'agit surtout de faire en sorte que ni une morale, ni une philosophie politique, ni des décisions effectives ne soient fondées sur des conceptions biologiques fausses ou radicalement discutables. Clair, accessible et convaincant, cet ouvrage fournit en effet des repères essentiels. Même si l'on peut regretter que l'auteur limite sa discussion de l'apport de la psychanalyse et centre sur l'objectif et les limites des thérapies comportementales sa réflexion sur les psychothérapies, il témoigne de la possibilité d'une intervention scientifique à la fois précise et ouverte, qui aborde le champ social sans le réduire. |
Note de contenu : | Bibliographie, glossaire |
Exemplaires (2)
Code-barres | Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité |
---|---|---|---|---|---|
10020564 | KAR | Ouvrage | BSF Paris | Salle de lecture : Ouvrages A-Z | Disponible au prêt |
10013416 | KAR | Ouvrage | BSF Paris | ψ Réserve : Ouv. A-Z | Consultation sur place |