Type de document : | texte imprimé |
Titre : | Incestes |
Auteurs : | / Dana CASTRO , dir. |
Editeur : | Bordeaux : L'Esprit du Temps, 1995 |
Importance : | 381 p. |
Collection : | Psychologie |
ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-908206-54-8 |
Format : | 381 p. / 21 cm |
26 euros | |
Note générale : |
Analyse in : LECTURES, Actualités de la Bibliothèque Sigmund Freud 1996, n°13 par D. Bourdin |
Langues: | Français |
Mots-clés : | Inceste ; Abus sexuel ; Anthropologie ; Féminisme ; Maltraitance ; Occultation ; Père ; Psychothérapie ; Séduction ; Signalement ; Travailleur social ; Violence ; Pluridisciplinarité |
Résumé : |
-- Analyse : Analyse par D. Bourdin parue dans LECTURES, 1996, n°13 : Cet ouvrage constitué des Actes du congrès de mars 1995 de la Société Française de Psychologie, consacré à la clinique des incestes ainsi qu'à la compréhension des phénomènes d'inceste, précise des situations cliniques et des interventions pluridisciplinaires sans nous faire perdre de vue les interrogations anthropologiques et psychanalytiques fondamentales. Françoise Héritier rappelle d'ailleurs sa thèse anthropologique (présentée dans Les deux soeurs et leur mère) : aucune société ne limite l'inceste à la seule consanguinité ; il semble reposer surtout sur l'interdit du mélange des humeurs du corps, y compris entre parents du même sexe qui auraient un même partenaire sexuel. Or l'interdit de l'inceste n'est parfois que partiellement intégré : nombre de beaux-pères pensent par exemple que leur acte n'est pas un inceste puisque «ce n'est pas ma fille». L'inceste ne peut être isolé, comme acte délictueux, d'un climat d'ensemble, domaine clos aux influences et intrusions extérieures, domaine décloisonné quant aux différenciations internes et à la répartition de l'espace familial, marqué par la confusion des sexes, des rôles et des places. La menace incestueuse se construit progressivement ; il n'y a pas de violence sexuelle durable sur un enfant dans une famille qui ne s'en émeut ni ne s'en indigne, sans qu'il y ait eu exposition de l'enfant, ce qui implique un abandon affectif préalable. La fragilisation peut ainsi se construire sur plusieurs générations - parfois même, les abus sexuels se répètent d'une génération à l'autre. La notion d'«incestuel» proposée par Paul-Claude Racamier aide à rendre compte de ce climat aux conséquences psychiques importantes, avec toute la difficulté, essentielle lorsqu'il y a lieu de faire intervenir la justice, de la distinction entre l'incestuel et l'acte incestueux. Comme toute autre maltraitance, l'inceste se repaît de discours justificatifs qui sont examinés de près par plusieurs auteurs. Quelle que soit la diversité des profils psychopathologiques des parents incestueux, ou les modèles de conduite invoqués comme justification (modèle despotique, modèle «amoureux», modèle de la frustration sexuelle...) le scénario incestueux peut être assez rigoureusement reconstitué, et les auteurs soulignent le retentissement des démarches judiciaires, appelant à ce qu'elles ne s'effectuent pas aux dépens du psychisme, mais d'une façon qui puisse soutenir le mouvement de reconstruction psychique. Les études confirment le caractère de soulagement lié au dévoilement, malgré toutes les difficultés de l'enquête, qui comporte le risque de «victimisation secondaire». Sont indiquées aussi les situations difficiles créées par le retour d'un père blanchi par la justice et qui peut à son tour se poser en victime. L'étude psychopathologique du père incestueux, dont l'immaturité affective est constante, n'est pas effectuée par la simple reprise des typologies classiques (même si elles ne sont pas ignorées mais retravaillées plus finement) ; elle donne lieu à une interrogation de fond sur les ratés de son rapport à une mère dont il recherche les traces, dans un déni violent et désespéré. Épidémiologiquement, 6,2 % de la population française (7,8 % des femmes et 4,5 % des hommes) auraient été sexuellement abusés avant 18 ans, résultat comparable à celui d'autres pays, avec une proportion d'incestes sur l'ensemble des abus sexuels peut-être un peu plus élevée en France. Les incestes père-fille sont, comme on le sait, les plus courants, et en tout cas ceux qui viennent le plus fréquemment au jour, les incestes mère-fils, plus rares, s'effectuent souvent dans un contexte plus pathologique, les suivis et les réflexions sur les garçons victimes d'inceste restent limités. Odile Bourguignon retrace les conceptions freudiennes de la séduction et les débats qui ont surgi, sur l'abandon de cette théorie et sur la réalité des traumatismes. En regard, soulignons l'historique de la question de l'inceste aux USA présenté par Sherril Mulhern sous une forme qui lui confère un très grand intérêt clinique et critique : l'article met notamment en évidence le développement de la réflexion et des interventions sur le syndrome de l'enfant battu («Child abuse»), l'intervention féministe pour la prise en compte de l'abus sexuel avec l'intervention princeps de Florence Rush, la médicalisation de la politique, les stratégies des mouvements féministes et leur lecture efficace mais inexacte de Freud. Un tournant s'amorce avec le récit de 1973, publié par Flora Reta Schreiber, sur la psychothérapie d'une "supersurvivante" de l'inceste, dont l'effet paradoxal sera de dévaluer la portée des souvenirs demeurés conscients (et le droit juridique de porter plainte trop longtemps après les faits), au profit d'une quête des indices de sévices sexuels devenus inconscients, qui a mené aux excès irrationalistes du déferlement de la clinique des personnalités multiples et des accusations de pratiques sataniques. En France, c'est à partir de 1984 que les enquêtes et les travaux cliniques se développent. Or la clinique de l'inceste témoigne de difficultés spécifiques. Celles du dépistage et de la vérification des faits, bien sûr. L'ouvrage rassemble données et réflexions d'un grand intérêt sur le silence et le secret, sur les indices d'abus sexuel, la façon d'en parler ou de n'en pas parler dans la petite enfance, ainsi que sur les symptômes rencontrés dans la clinique de l'inceste. D'autres contributions font percevoir l'économie psychique d'adolescentes incestuées, sans dramatisation systématique ni uniformisation artificielle, sans banalisation non plus, avec une insistance sur l'attaque de la pensée et des capacités de liaison psychique que produit l'inceste. Si les symptômes ne sont ni automatiques ni univoques, la thérapeutique met l'accent sur le travail du déni, le travail de subjectivation, le travail sur la culpabilité. Un débat essentiel est engagé dans l'ouvrage sur la fonction du dévoilement et de l'aveu, et sur l'importance de l'énonciation et de l'élaboration explicite du traumatisme : y a-t-il un risque "d'acharnement thérapeutique" qui confonde l'enfant victime et l'enfant malade, la réparation d'un dommage et le soin d'un symptôme, et qui néglige les fonctions psychiques de la répression et du refoulement ultérieur ? L'essentiel est en tout cas la réintroduction de la loi symbolique, la remise en place des rôles et des repères. Une autre difficulté provient d'une tendance au refoulement et à la banalisation qui n'existe pas que chez les mères complaisantes. On peut en effet mettre en évidence la tendance à l'occultation de l'acte dans les rapports des travailleurs sociaux, leur difficulté à se rappeler ce qu'ils savent de la relation du parent incestueux avec l'enfant, la place des conditionnels ou des hypothèses alternatives (même lorsqu'il y a déjà eu condamnation) ou la tendance au déplacement de l'intérêt sur le degré de responsabilité de l'autre parent. L'un des traits les plus étonnants est sans doute l'insuffisante prise en compte de la souffrance de l'enfant ou son déplacement sur d'autres causes que le fait même de l'inceste. Dans ce contexte, on voit tout l'intérêt des séquences cliniques qui montrent l'expression de la souffrance, les transmissions intergénérationnelles, les éléments de destructuration psychique et les formes de travail psychothérapeutique, par exemple par le dessin, avec des enfants victimes d'inceste. L'analyse précise et critique des méthodologies, des diverses formes d'accompagnement des familles et des individus (victimes, mais aussi agresseurs), des modes d'intervention pluridisciplinaires, éducatives, psychothérapeutiques, judiciaires, y compris la question de la formation des policiers, vient compléter ce qui constitue une véritable somme de la réflexion actuelle sur la clinique de l'inceste. Dominique Bourdin. Collaborateurs : Martine Abbas. Janine Abécassis. Patrick Alvin. Jacques Argelès. Michèle Becquet-Pade. Michel Bernardi. Bernard Bonnemaison. Odile Bourguignon. Philippe Brenot. Dana Castro. Michel Cron. Liliane Deltaglia. Marceline Gabel. Michel Gaffé. Louisiane Gauthier. Yolande Govindama. Françoise Héritier-Augé. Françoise Hurstel. Alain Lazartigues. Serge Lebovici. Sylvie Lecuivre. Monique Lemaître. Bernard Lempert. Carole Mariage-Cornali. Viviane Meyer. Sherryl Mulhern. Martine Noirot. Chantale Parret. Martine Péguet. Philippe Renou-Muller. Christiane Rosenblat-Boët. Anne Roubergue. Michelle Rouyer. Mady Sanson. Pierre Thévenet. Hubert Van Gijseghem. Jean-Luc Viaux. Catherine Zoute. |
Note de contenu : | Bibliographie, Illustrations |
Contenu détaillé (dépouillement) : |
Exemplaires (1)
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10000058 | CAS | Ouvrage | BSF Paris | ψ Réserve : Ouv. A-Z | Consultation sur place |