Type de document : | texte imprimé |
Titre : | L'erreur de Descartes : la raison des émotions |
Traduction de : | |
Auteurs : | / Antonio R. DAMASIO / Marcel BLANC , trad. |
Editeur : | Paris : Odile Jacob, 1995 |
Importance : | 368 p. |
ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-7381-0303-1 |
Format : | 368 p. / 24 cm |
Note générale : | Analyse in Lectures, Actualités de la Bibliothèque Sigmund Freud, 1997, n° 15, par Dominique Bourdin |
Langues: | Français |
Langues originales: | Anglais |
Mots-clés : | Émotionnel ; Cerveau ; Corps ; Raison ; Neurologie ; DESCARTES, René |
Résumé : |
Présentation de l'éditeur :
Être rationnel, ce n'est pas se couper de ses émotions. Le cerveau qui pense, qui calcule, qui décide n'est pas autre chose que celui qui rit, qui pleure, qui aime, qui éprouve du plaisir et du déplaisir. Le cœur a ses raisons que la raison... est loin d'ignorer. Contre le dualisme du corps et de l'âme, mais aussi contre ceux qui voudraient réduire le fonctionnement de l'esprit humain à de froids calculs dignes d'une machine, voilà ce que révèlent les acquis récents de la neurologie. Un ouvrage déjà classique, par l'un des plus grands spécialistes et théoriciens mondiaux du cerveau. Analyse par Dominique Bourdin parue dans Lectures, 1997, n° 15 : Le titre rébarbatif, et d'ailleurs discutable, risque d'écarter des lecteurs qui pourraient trouver fort instructive la reprise alerte de l'histoire de Phineas Gage, qui, en 1848, faisant sauter un pan de roche, eut le cerveau traversé par une barre de fer, survécut, mais vit son caractère changer radicalement et devint instable, irritable et grossier. Reprenant l'histoire de la neuropsychologie, A. R. Damasio nous guide ainsi par une voie narrative jusqu'à ses propres patients, notamment celui qu'il nomme Elliot, dont le comportement est devenu stupide et inefficace à la suite d'une tumeur cérébrale, sans que les processus proprement intellectuels hors situation sociale soient atteints. L'observation clinique manifeste un lien patent entre cette perte d'efficience et l'affaiblissement de la capacité à ressentir des émotions. L'auteur veut montrer que le raisonnement et surtout la décision rationnelle ne dépendent pas de facteurs exclusivement intellectuels, car l'émotivité est positivement incluse dans l'évaluation des situations. Les lésions cérébrales préfrontales ventro-médianes viennent ainsi perturber profondément l'adaptation sociale, alors même que les processus proprement intellectuels sont conservés. Plus largement, c'est tout le corps qui est à prendre en compte et l'on ne peut isoler les fonctions cérébrales de l'ensemble de l'expérience du corps et de l'intuition immédiate que nous en avons à chaque moment, régulation automatique qui relève à la fois de l'inné et de l'acquis. Les situations cliniques et l'élaboration de tests d'évaluation des capacités de décision rendent aisée la lecture d'un ouvrage dont les enjeux théoriques sont importants. Les possibilités nouvelles offertes par l'imagerie médicale sont soulignées. Un peu pesant par son rappel constant de bases neurologiques qui ne sont pas nécessairement familières à tous les lecteurs, le développement passe insensiblement des évidences revisitées à des élaborations propres à l'auteur, qui défend l'idée de connexions neurales entre les systèmes du cortex préfrontal ventro-médian et l'amygdale, dans une perspective de type évolutionniste, et tente de penser l'intégration mentale globale à partir de la perception des émotions qui seraient liées à des modifications multiples, éventuellement minimes, de l'état du corps (hypothèse des marqueurs somatiques). Cette conception s'insère dans un matérialisme global selon lequel éducation et culture ont élargi et enrichi de stratégies supplémentaires les mécanismes de survie de l'organisme. Le point le plus faible peut-être de cette vaste réflexion, c'est ce titre qui la centre sur une critique du dualisme cartésien. Certes, l'auteur insiste sur sa conception intégrée d'un psychisme qui ne peut se dissocier de l'ensemble du corps, mais Descartes est davantage ici un symbole de l'idéalisme qu'un interlocuteur dont l'oeuvre serait véritablement connue et resituée dans les enjeux de son époque. Je ne reprendrai pas ici le propos fort clair de B. Andrieu qui démontre avec précision dans la Revue Internationale de Psychopathologie (Le cerveau suffit-il pour penser ?, RIP n° 21, 1996, pp. 213-232) combien l'œuvre de Descartes est plus complexe que la caricature qu'en présente Damasio, sur les points même qui sont mis en question par cet auteur. Je préfère souligner que la confrontation entre neurobiologie, psychanalyse et philosophie continue à souffrir de cette ignorance mutuelle qui amène les positions les plus pertinentes à se colleter à des moulins à vent pris, à tort ou n'importe comment, pour cible. On a parfois l'impression que ce n'est pas avec Descartes, mais avec son propre rationalisme intellectualiste initial que Damasio règle ses comptes. À cette réserve près, qui à vrai dire ne porte que sur fort peu de pages où Damasio tente de se situer par rapport à un héritage philosophique visiblement mal connu, il faut dire tout l'intérêt d'une pensée informée, argumentée et ouverte. Elle mérite discussion, sans doute, notamment dans sa conception de la formation des représentations mentales, dont toute dimension inconsciente liée à la sexualité et au refoulement est gommée (malgré une ou deux références de pure forme à Freud, notamment au Malaise dans la civilisation). La conception phylogénétique de l'émotivité sert ici, volontairement ou non, à éviter l'hypothèse pulsionnelle. Néanmoins, outre la puissance d'une tentative de conception d'ensemble du fonctionnement psychique conscient, et de ses bases neurales, il faut savoir gré au travail de l'auteur de proposer une hypothèse de travail sur la perception des émotions qui renouvelle le débat, sans l'épuiser ni le trancher. Dominique Bourdin |
Note de contenu : | Index |
Titre dans la langue d'origine : | Descartes' error : emotion, reason, and the human brain, 1994 |
Exemplaires (2)
Code-barres | Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité |
---|---|---|---|---|---|
10008748 | DAM | Ouvrage | BSF Paris | ψ Réserve : Ouv. A-Z | Consultation sur place |
50000487 | DAM/2087 | Ouvrage | Lyon | Bib. GLPRA | Disponible au prêt |