Material Type: | printed text |
Title: | La parole et le lien : processus associatifs dans les groupes |
Authors: | / René KAËS , Author |
Publisher: | Paris : Dunod, 1994 |
Pagination: | 370 p. |
Series: | Psychismes |
ISBN (or other code): | 978-2-10-002070-6 |
Size: | 370 p. / 24 cm |
General note: | Analyse in Lectures, Actualités de la Bilbiothèque Sigmund Freud, 1995, n° 10, par D. Bourdin |
Languages: | French |
Keywords : | Groupe ; Parole ; Pensée ; Libre association |
Abstract: |
Analyse par D. Bourdin parue dans Lectures, 1995, n° 10 :
Tout aussi séduisant et suggestif que rigoureux, ce livre de René Kaës poursuit l'étude des processus psychanalytiques groupaux et prolonge ainsi les analyses présentées dans Le groupe et le sujet du groupe en 1993. Cette fois, l'étude est centrée sur les processus associatifs, et se caractérise par la clarté et la précision des présentations de séquences cliniques. Ainsi pouvons-nous percevoir avec évidence comment l'un des participants se fait porte parole du groupe, comment un autre s'en fait le porte symptôme, ou bien la façon dont les associations de plusieurs membres du groupe surgissent et s'organisent à partir du rêve ou des propos d'un participant devenu désormais silencieux, mais continuant à élaborer à partir des interventions des autres, en intersubjectivité, sa propre chaîne associative. Deux moments de cette clinique ont particulièrement retenu mon attention. Le premier montre un participant provoquant un effet traumatique dans le groupe en rapportant un trauma naguère éprouvé, dont il ne restitue que l'affect et non le contenu, demandant implicitement réparation. L'analyse des séquences ultérieures rend extrêmement convaincante l'hypothèse de l'appareil psychique groupal tel que le conçoit René Kaës, et la possibilité d'élaboration du traumatisme par l'associativité groupale. C'est parce que le groupe est «crisogène», parce qu'il y a affinité entre traumatisme et situation groupale, que le groupe peut aussi dépasser l'effet traumatique par une réélaboration. Mon autre remarque porte sur l'étonnement devant la variation du cadre consistant à placer les participants dos à dos (en vue d'une recherche sur le processus associatif), et sur les effets de ce dispositif. En effet, la séquence qui celle d'un seul membre du groupe mais qui relève bien de la constitution d'une chaîne associative spécifique qui cependant n'annule pas les associations individuelles et spécifiques. En effet, René Kaës refuse l'idée d'un fantasme commun au groupe, et maintient l'accent sur le jeu des variations individuelles et sur leur déploiement dans la polyphonie du processus associatif. Chacun n'a pas le même fantasme, mais une structure fantasmatique se constitue, organisatrice de liens d'identité et d'écarts, c'est-à-dire de différences entre les sujets. L'attention aux processus par lesquels se constituent ces liens et s'expriment ces écarts est extrême et n'a d'égale que la prise en compte du caractère dissymétrique des transferts et de leur traitement dans la situation psychanalytique de groupe, ainsi que des aspects "inter transfert" entre les thérapeutes. Peut-être est-il temps de revenir sur quelques unes des élaborations conceptuelles de l'ouvrage. La consistance de la réalité psychique dans les groupes étudiée dans le livre précédent sur "le sujet du groupe", insiste sur l'hétérogénéité des espaces psychiques infra-psychiques et intra-groupaux ; ils ne sont pas réductibles l'un à l'autre, et il s'agit de penser leurs articulations. Le fantasme y joue une fonction décisive, selon le double axe de l'alliance horizontale avec le même (soutenue par les identifications mutuelles à l'image du semblable) et pour celui de la filiation et des affiliations. Les liaisons imaginaires associatif ? La libre association en situation de groupe développe plusieurs chaînes associatives de niveau et d'organisation distincts : celles qui se forment à travers les associations successives de chaque sujet, et celles qui se constituent dans la succession des événements associatifs produits par l'ensemble des membres du groupe. Ces chaînes sont les vecteurs des formations de l'inconscient dans cette situation et manifestent certaines conditions intersubjectives. Leur constitution suppose un refoulé actuel, suscité par le groupe lui-même (outre les refoulements de chacun des participants avant même la situation de groupe), c'est-à-dire par la rencontre avec des objets de désir et avec la règle fondamentale. Deux séries de déterminations se manifestent dans les associations, les unes intrapsychiques, selon la singularité de la structure et de l'histoire de chacun, les autres au niveau du travail de liaison et de transformation qui s'effectue dans le groupe. Trois organisateurs permettent le processus associatif : - les énoncés, régis par la succession des discours et les transformations polyphoniques de l'interlocution ; - la structure et la fonction intersubjective du groupe, appareil de liaison et de transformation de la réalité psychique, lieu du déploiement de la polyphonie du discours et de la polytopie du fantasme. La fin du livre développe une réflexion extrêmement suggestive sur ce qui fait penser et sur les conditions nécessaires pour penser dans les groupes dont nous ne relèverons que les références à la fratrie et à la relation d'inconnu, la question de la tolérance à la perte des repères, les fonctions de négatifs et de l'absence, la fonction de la mémoire partagée dans le retour du refoulé et l'activité du préconscient, et enfin le plaisir partagé. Au total, vous l'avez compris, malgré des questions qui demeurent sur la notion même d'intersubjectivité, ce livre m'a séduite. Pas seulement parce qu'il corrobore et éclaire ma (petite) expérience psychanalytique des groupes ni même parce que sa seul lecture suscite la coexcitation caractéristique des fonctionnements de groupe, coexcitation à laquelle je me sais particulièrement sensible. Mais parce que ce livre témoigne d'une très grande attention portée aux mots : les mots des participants, dans les séquences cliniques qui nous sont restituées, comme les termes théoriques de l'élaboration conceptuelle ne sont jamais de simples dénominations. Il ne visent pas une essence, mais la saisie de processus. Et c'est parce que les mots ne figent pas ce dont ils parlent, qu'ils sont aptes à saisir le processus associatif et à le rendre sensible au lecteur. Kaës n'oppose pas l'associativité de groupe et les mouvements associatifs individuels, mais il en démêle l'écheveau, nous donnant les moyens de penser ces processus complexes. Il construit des instruments cliniques et théoriques pour appréhender les processus de groupe, relançant l'envie de vérifier et d'enrichir notre capacité à penser dans les groupes, et pas seulement à leur propos. |
Contents note: | Bibliographie, index |
Older editions: : |
Copies (4)
Barcode | Call number | Media type | Location | Section | Status |
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10019936 | KAE | Ouvrage | BSF Paris | Salle de lecture : Ouvrages A-Z | Available |
10008933 | KAE | Ouvrage | BSF Paris | ψ Réserve : Ouv. A-Z | Not for loan |
50000942 | KAE/0485A | Ouvrage | Lyon | Bib. GLPRA | Available |
50000943 | KAE/0485B | Ouvrage | Lyon | Bib. GLPRA | Available |