Type de document : | texte imprimé |
Titre : | Adolescentes, adolescents, psychopathologie différentielle |
Auteurs : | / Alain BRACONNIER , dir. / Colette CHILAND , postf. / Marie CHOQUET , dir. / Renée POMAREDE , dir. |
Editeur : | Paris : Bayard, 1995 |
Importance : | 211 p. |
Collection : | Païdos |
ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-227-00580-8 |
Format : | 211 p. / 22 cm |
Langues: | Français |
Mots-clés : | Adolescent ; Adolescente ; Psychopathologie ; Différence entre les sexes ; Épidémiologie |
Résumé : |
-- Analyse : Analyse par D. Bourdin parue dans LECTURES, 1995, n°10 : Quelles connaissances avons-nous aujourd'hui de la psychopathologie différentielle des adolescents et des adolescentes ? Comment comprendre le sexe ratio de telle ou telle pathologie ? Quelles voies d'étude nous sont ouvertes, et quelles sont les questions en suspens ? Le propos de ce livre collectif est de présenter ces questions, et d'y répondre pour une part. On sait que le taux de morbidité globale, attesté par le nombre des patients en psychiatrie, est plus élevé chez les sujets de sexe masculin pendant l'enfance (présence plus fréquente de troubles à expression externalisée, des troubles du langage, de l'autisme chez les garçons). A l'adolescence et à l'âge adulte, le taux global est sensiblement le même mais le profil des pathologies diffère. Peut-on penser que les pathologies infantiles, plus bruyantes chez le garçon, sont mieux décelées que les troubles éventuellement précurseurs de pathologies ultérieures chez les filles ? Une première partie épidémiologique nous présente les principales données. À l'adolescence, depuis trois décennies selon plusieurs auteurs, certaines pathologies revêtent une fréquence plus grande que par le passé, et les filles se distinguent des garçons. Les troubles des conduites alimentaires, anorexie et boulimie, ont augmenté chez les filles peut-être sous l'impact des pressions culturelles valorisant la minceur dans un contexte de consommation tandis que le malaise des garçons s'exprime d'avantage par la toxicomanie, les conduites à risque et les passages à l'acte violents. Les conduites suicidaires se caractérisent par un plus grand nombre de suicidants chez les filles et plus de suicidés chez les garçons. Intuitivement connus, ces constats sont ici évalués, chiffrés, et font l'objet d'un essai d'analyse et d'évaluation. Issues d'une journée d'étude de la clinique Dupré, des contributions cliniques et psychosociologiques précisent et prolongent ensuite la réflexion. Une présentation parallèle de deux comportements semblables dans leur résistance aux soins, chez un garçon état-limite et chez une fille hystérophobique fait apparaître une problématique révélatrice : quelle est la part proprement adolescente de la symptomatologie, puisque dans des pathologies nettement différentes, la liaison des symptômes à l'identité sexuée et à la quête identitaire est néanmoins massivement présente dans les deux cas, et sous des formes assez identiques ? La psychopathologie constituerait un biais par lequel serait ainsi problématisé le rapport à l'identité sexuelle, et les symptômes permettraient aussi de jouer la masculinité et la sexualité par une mise en scène différente du corps. La réactualisation de l'angoisse de castration chez le garçon, de l'envie du pénis chez la fille, du fait du processus de l'adolescence, imprimerait en outre sa marque sur la psychopathologie rencontrée. De telles analyses permettent de mieux discerner les conditions et les difficultés de «l'alliance au traitement» chez les adolescents. La demande de soins chez les adolescents fait d'ailleurs l'objet d'un constat qui me semble discutable, en tout cas qui ne correspond pas à ma pratique, peut-être du fait de la différence entre le fréquentation des centres de soins médico-psychologiques et la clientèle privée du psychothérapeute : il est indiqué qu'il est peu de demandes de soins émanant directement des adolescents. Leur caractère différentiel est effectivement confirmé : on observe un moins grand nombre de demandes émanant de garçons, et seulement en face de pathologies relativement graves, après de longs essais laborieux et vains de «s'en sortir tout seul». Mais contrairement aux notations de D. Marcelli, et sans nier les nombreux cas de déni de la souffrance et de la nécessité du changement, beaucoup d'adolescents et surtout d'adolescentes consultent de leur propre initiative, demandent un soutien ou une aide psychothérapique, dès 16 ans environ, parfois avec le soutient (éventuellement réticent) de leurs parents, parfois indépendamment d'eux - voire assez souvent à leur insu, au moins dans un premier temps. La demande est le plus souvent liée à des angoisses ou à des vécus dépressifs : au contraire, les troubles agressifs du comportement donnent plutôt lieu à des demandes qui émanent des parents, acceptées plus ou moins bien par les adolescents ainsi "étiquetés", alors qu'ils ressentent leurs propres réactions comme banales, «normales», ou regrettables mais inévitables. Les apports sociologiques sur la culture adolescente, sur les intentions d'avenir des adolescents et des adolescentes (différenciées selon des critères «stratégiques» et/ou «identitaires»), et sur les conduites ordaliques, notamment l'incidence de l'usage de l'alcool dans la façon de «faire la fête», me semblent rappeler des faits importants, sans grande nouveauté toutefois. L'éducation mixte des garçons et des flles a bénéficié aux filles (qui ont notamment un plus grand accès à la culture mathématique et scientifique, sans que la moindre aptitude des filles autrefois relevée se soit maintenue), mais n'a pas empêché le maintien d'une nette distinction dans les styles de vie. Des questions demeurent. Ainsi, qu'en est-il de l'impact sur la psychologie des jeunes garçons de la féminisation massive de l'enseignement ? Et pourquoi n'avons-nous pas d'étude sur cette question ? Au total, l'apport de ce livre me semble résider davantage dans le rassemblement de données épidémiologiques et statistiques susceptibles de clarifier et de préciser les points de départ de la réflexion que dans la nouveauté de ses conclusions. La richesse du livre est d'éclairer une psychopathologie de l'adolescence, qui n'est pas nouvelle, par le point de vue, en l'occurrence très nouveau, de la différenciation sexuelle; Point de vue nouveau, et pourtant extrêmement cohérent avec ce que nous savons par ailleurs du poids et des déterminations de la puberté et de l'identité sexuée dans la quête d'identité et l'expérience des adolescents ! Il était donc indispensable de mettre au clair ce que cela implique aux plans symptomatologique et thérapeutique. Ce livre s'y emploie avec clarté et conviction, et nous ne pouvons que rejoindre les auteurs qui indiquent en conclusion que loin d'être une fin, leur ouvrage appelle d'autres études pour prolonger et approfondir les voies de recherche qu'il présente. Dominique Bourdin. |
Note de contenu : | Bibliographie, Tableaux |
Contenu détaillé (dépouillement) : |
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Exemplaires (2)
Code-barres | Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité |
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10020767 | BRA | Ouvrage | BSF Paris | Salle de lecture : Ouvrages A-Z | Disponible au prêt |
10002934 | BRA | Ouvrage | BSF Paris | ψ Réserve : Ouv. A-Z | Consultation sur place |