Type de document : | texte imprimé |
Titre : | Dialogue avec les schizophrénies |
Auteurs : | / Jean GILLIBERT |
Editeur : | Paris : Presses Universitaires de France, 1993 |
Importance : | 261 p. |
Collection : | Le fait psychanalytique |
ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-13-045335-2 |
Format : | 261 p. / 21 cm |
192 FF | |
Note générale : | Analyse in Revue française de psychanalyse, 1995, vol. 59, n° 3, pp. 907-919, par Bernard Lemaigre ; Lectures, 1994, n° 6, p.24-27, par Bernard Lemaigre |
Langues: | Français |
Mots-clés : | Schizophrénie |
Résumé : |
Présentation de l'éditeur : L'auteur a voulu, dans cet essai, rendre compte des difficultés sémiologiques, sémantiques, voire ontologiques, qu'a posées l'irruption de la notion de schizophrénie à la fin du 19e siècle et dont nous portons encore l'héritage. Il a voulu rappeler que schize, inconscient et psychanalyse sont historiquement et existentiellement liés, même si Freud pensait que les schizophrénies étaient hors d'atteinte par la thérapeutique de la psychanalyse. C'est parce que nous avons oublié la disruption de sens - tout sens est disruptif - qu'a été cette entrée de la schize (coupure, clivage, Spaltung) dans le domaine de " psyché " que la violence nouvelle du sens ancien de la séparation risque à nouveau de nous échapper. Nous lui avons préféré la réassurance - jusqu'au dogmatisme - des distributions épistémologiques de discours. L'autisme accompagnait la schize et peut-être la fondait, c'est ce que pensait Bleuler. Le narcissisme de Freud reprenait cette ambiguïté sans pouvoir fonder et non plus déterminer - mais cela était-il possible ? - l'originaire pulsionnel narcissique sur le principe fonctionnel d'exclusion - le négativisme vis-à-vis d'autrui - ou sur le principe indéterminé de l'extériorité, fût-elle le " naturel " ou le divin. Peut-être les deux : d'où ce thème du dialogue avec une clinique sous-jacente mais très présente et avec une issue thérapeutique possible. Ici, la maladie psychique n'est pas niée, comme ont tendance à le faire les " modernes ". Les schizophrénies ne sont ni des " n'importe quoi " relationnels, ni des délits d'épistémé. Cette attitude dialogale face à la clinique de ce qui se montre, se vit, se voit, se sait, se tait, relève d'une anthropologie psychanalytique Analyse par Bernard Lemaigre parue dans LECTURES, 1994, n° 6 : Livre de critique, d'affrontement vigoureux avec les travaux de tous ceux qui ont réfléchi à ces questions (Bleuler, Freud, Tausk, Klein, Deleuze et Guattari, Lacan, Searles, Racamier, etc... ), livre, enfin, qui cherche à restaurer en ce domaine une rigueur de la pensée : J. Gillibert fait ici le bilan de sa longue expérience thérapeutique avec les schizophrènes. L'entité nosographique appelée "schizophrénie" surgit à la fin du 19e siècle. Au cœur de cette entité : la schize. Donnée clinique d'une validité incontestable, la schize est refusée par J. Gillibert comme principe de pure positivité (contre la schizo-analyse), ou de pure négativité (contre l'irréductibilité du clivage) et est tenue pour un moment d'évolution. Il y a des schizophrénies, comme il y a de multiples façons de se séparer du monde, du langage, de la sexualité, de soi-même. Ce qui doit être repensé, c'est l'expérience angoissante de la séparation dans ses modalités infinies, et à partir de là seulement, la schize. S'appuyant sur les propositions de Freud sur la schizophrénie, J. Gillibert développe le débat théorique en interdépendance nécessaire, coessentielle, avec l'ouverture thérapeutique. Les schizophrénies mettent aussi en jeu les questions fondamentales de l'anthropologie et de l'ontologie : temps, espace, perception et hallucination, langage entre psyché et monde, automatisme et machine. D'un autre côté, selon Freud, les philosophes se comportent comme des schizophrènes séparant théorie et pratique, sensible et intelligible, prenant les mots pour les choses. D'où une rencontre avec la philosophie. Autre rencontre indispensable, antérieure même : celle de la poésie et de la schizophrénie, car l'une et l'autre définissent deux rapports opposés à l'oœuvre de langage dans sa relation au subjectif et au monde : création transsubjective pour la poésie, décréation hypersubjective pour la schizophrénie. Cette lecture croisée des philosophes et des poètes avec Freud, ouvre des voies nouvelles à la compréhension de la schizophrénie, de sa souffrance térébrante. Une théorie du langage entre monde et pulsion qui fait place à l'intradiscursif et à sa souffrance et lie geste et parole. Théorie qui ne peut se séparer d'une pratique de la cure permettant la révélation de l'intradiscursif. L'introduction d'un narcissisme sans miroir, rapport sans rapport à autrui où se manifeste la transcendance de l'autre, lien affectif originaire, passivité de l'agir (le soi, la chair). Le temps schizophrénique n'appartient pas à l'intemporalité l'inconscient : le schizophrène présentifie le néant du temps. Il veut être non pas immortel, mais l'éternité. Pour J. Gillibert, le temps n'est pas pure extériorité à lui-même, à sa durée ; il n'est ni dans le sujet ni dans son extérieur, mais leur rencontre en même temps. Le schizophrène brise cette rencontre. Il est cruel, sans nostalgie, utopique. Cependant cette brisure es seconde, postérieure à la catastrophe interne par laquelle le schizophrène se vide : il s'agit d'une déliaison d'avec soi-même. Narcissisme sans miroir el néant du temps convergent ici dans la pensée de l'Ouvert (Rilke, "Elégies à Duino"). L'hallucination négative demeure au centre de la question de la schizophrénie : croyance absolue en l'accompli : ce qui est souhaité est. Même si elle gravite autour de l'Unheimlich, elle ne peut s'y réduire. Ni dedans ni dehors, c'est une pure extériorité crue comme telle, en lien profond avec le religieux apocalypse, eschatologie, accomplissement narcissique (plérôme). Confrontation entre la réflexion kantienne et ce que dit Freud de la figure, de la figuration (Darstellung) qui permet de comprendre ce que peuvent être les objets vides ou bizarres du schizophrène. Interrogation sur le néant", sur le "rien", sur le "vide" qui n'est pas spéculation oiseuse, mais nécessité de pensée. De ce livre se dégage une forte figure du schizophrène comme être utopique l'utopie du schizophrène est l'inceste à intervenir, le schizophrène est un amant filial; c'est aussi dans son négativisme, son hallucination négative, la tentative de se présenter comme le néant au présent, éternel, figé. Le schizophrène est la mort. Le schizophrène est encore l'homme de la conversion impossible : toute tentative de se recréer, de redonner vie à la chair désertée est impossible. Dans le discours du schizophrène, la présence-absence de ce qui dans le langage est pure émotion, pur affect, pure expression, fonde la thérapeutique. Il faut prendre le délire de discours pour ce qu'il est : une réalité néoformée et non un tissu de fantasmes. Il faut transposer le monde du machinal schizophrénique dans la réalité du monde à croire: "vouloir un monde doit saisir le schizophrène. Ce livre est difficile, touffu, mais d'une rare profondeur psychanalytique et humaine. Il devrait être médité par tous ceux qui prennent à cœur la souffrance des schizophrènes, mais aussi par ceux qui, à travers elle, perçoivent les questions fondamentales qu'elle pose à chacun d'entre nous |
Contenu détaillé (dépouillement) : |
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Exemplaires (4)
Code-barres | Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité |
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10007806 | GIL | Ouvrage | BSF Paris | Salle de lecture : Ouvrages A-Z | Disponible au prêt |
10014847 | GIL | Ouvrage | BSF Paris | ψ Réserve : Ouv. A-Z | Consultation sur place |
07001050 | GIL | Ouvrage | CPRS Genève | Bib. CPRS | Disponible au prêt |
06000711 | GIL | Ouvrage | St-Etienne BFP | Bib. Francis Pasche | Disponible au prêt |