Material Type: | printed text |
Title: | Les visiteurs du Moi : fantasmes d'identification |
Authors: | / Alain de MIJOLLA |
Publisher: | Paris : Les Belles Lettres, 1981 |
Pagination: | 223 p. |
Series: | Confluents psychanalytiques |
Size: | 223 p. / 21 cm |
General note: |
Analyses in:
1). PSYCHANALYSE A L'UNIVERSITE, 1983,8,31,-477-484-, par J.L.BONNAT. 2). PSYCHOTHERAPIES, 1981,1,4,-241-242-. 3). EVOLUTION PSYCHIATRIQUE, 1982,47,2,-549-558-, par J.CAïN. 4). RFP, 1982,46,2,-625-631-, par GILLIBERT J. 5). ETUDES FREUDIENNES, 1984,3,-131-133-, par J.L.LAMANDE. 3ème édition analysée in LECTURES, Actualités de la Bilbiothèque Sigmund Freud, 1996, n°13 par D. Bourdin |
Languages: | French |
Keywords : | Autre ; BEETHOVEN, Ludwig von ; Enfant de remplacement ; Fantasme ; Grands-parents ; Identification ; FREUD, Jakob ; Mère ; Père ; SCHLOMO (Rabbi) ; RIMBAUD, Arthur ; Traces ; Transgénérationnel ; FREUD, Sigmund. - Extrait de l'histoire d'une névrose infantile (l'homme aux loups) ; FREUD, Sigmund |
Abstract: |
-- Analyse :
Analyse par D. Bourdin parue dans LECTURES, 1996, n°13 : Nous accueillons avec un réel plaisir la réédition des Visiteurs du Moi. L'introduction de cette troisième édition revue, (mais la table des matières se réfère à la 2e édition) souligne l'importance de l'ouvrage par rapport aux réflexions actuelles sur les phénomènes transgénérationnels, dont Alain de Mijolla se sent en partie l'initiateur par cette étude consacrée aux fantasmes d'identification inconscients : que sont les autres en nous, ces autres qui nous habitent et nous visitent, restent agissants en nous-mêmes, et font que le JE est pétri d'autrui ? On retiendra l'invitation à analyser profondément les possibilités de transmissions fantasmatiques directes, liées au caractère humain de l'entourage de chaque enfant, et au travail fantasmatique issu de son impulsion à savoir (Wissendrang) avant de recourir à des transmissions par voies mystérieuses "d'inconscient à inconscient" ou "d'acquis transgénérationnel". Car l'identification inconsciente n'est pas une imprégnation passive. Le premier chapitre nous livre de riches élaborations théorico-cliniques sur les fantasmes d'identification inconscients, sorte de préhistoire du complexe d'OEdipe : ainsi, la «visite» d'un frère lors d'une séance d'analyse ; ou les identifications à l'oeuvre dans la pathologie mélancolique d'une patiente qui tend à susciter un fort contretransfert négatif chez les soignants. Au chapitre III, l'apport clinique est relancé par les questions sur «l'enfant de remplacement», et sur la place des grands-parents dans la vie psychique, ce qui conduit à une véritable "généalogie des fantasmes". Entre les deux, c'est l'interprétation célèbre de l'installation de Rimbaud à l'étranger pour une carrière commerciale à partir de "l'ombre du capitaine Rimbaud", dont Alain de Mijolla reconstitue avec maîtrise l'existence, et suit les traces fantasmatiques dans celle de son fils sans perdre de vue non plus la redoutable "Mother" avec qui Arthur Rimbaud est dans une certaine fusion, même lors de ses oppositions bruyantes d'adolescent. Le phénomène de refoulement collectif des traces historiques de l'existence du père de Rimbaud contribuait à la thématique du génie issu de nulle part et forgé par lui-même, s'évanouissant ensuite dans l'existence quotidienne, banale voire sordide, de façon radicalement énigmatique. Ce qui nous est ici restitué, c'est la dynamique complexe et violente d'une histoire familiale, où l'occultation du père est consciemment voulue et organisée, ce qui vient également éclairer le type de quête et de satisfaction recherchées par le jeune Rimbaud auprès de Verlaine. La signification des errances, à partir de leurs trajets, aident à voir dans quelles traces s'est engagée, et peut-être égarée, la vie ultérieure d'un poète qui en vint à renier son oeuvre au moment même où celle-ci se faisait reconnaître... Ce sont aussi les «Visiteurs du Moi» de Freud lui-même qui sont interrogés, notamment à partir du Rêve de Goethe et du paralytique, dont aucun des personnages ne peut être tenu pour univoque, et qui permet de repérer une double identification paternelle de Freud : l'une, impossible à un père précocement sexuel, et un fantasme défensif, plus proche de la conscience, d'identification à un père immortel et désexualisé, Goethe. Entre les deux, celle nostalgique plus discrète à Emmanuel, père de 24 ans son aîné, gage de réussite sexuelle et sociale. De l'arrière plan surgit alors la figure de Rabbi Schlomo, condamnant les frasques de Jacob Freud, et l'identification de Freud à ce grand-père mythique, le plaçant fantasmatiquement dans la position de père de son père - soutenue par l'effacement de cet autre prénom du père, Kolloman, dont Alain de Mijolla nous fait entendre les échos... Quant aux identifications maternelles de Freud, elles sont abordées sur fond d'absence : celle de la mère de Jacob Freud, celle des ascendances maternelles d'Amalia. Il ne fait d'ailleurs pas bon s'identifier aux femmes issues des trois coffrets, ces Parques aux visages de mère, d'amante et de mort, et la répugnance de Freud aux positions transférentielles maternelles est réévaluée. En contrepoint, et comme pour souligner à la fois l'importance fondamentale pour chacun de ses identifications maternelles, mais aussi l'irrésistible tendance à les occulter, sont convoqués plusieurs témoins. C'est d'abord Serge Pankejeff, l'Homme aux loups, dont l'interprétation du rêve princeps fait peu de place à la compréhension des impulsions inconscientes venues de sa mère, dans une famille où le mari dépressif meurt d'un excès de véronal, où la fille schizophrène se suicide à 22 ans, où le fils se cramponne à la psychanalyse à laquelle il s'identifie, avant de terminer sa vie retiré pendant quatorze ans auprès de sa mère, presque aveugle, et qu'il entoure de soins affectueux jusqu'à ce qu'elle meure à 89 ans. C'est ensuite Proust, puis Beethoven : le baron de Charlus permet à Proust de mettre en écriture l'apparition progressive d'un visage maternel sous les rudes traits de l'homme lorsque l'âge vient à nouveau battre les cartes des identifications ; à la mort de son frère Karl, Beethoven bouleverse sa vie de créateur pour arracher son neveu Karl, âgé de neuf ans, à sa mère naturelle, Johanna von Beethoven, reine de la nuit qu'il injurie et accuse gravement. L'auteur peut alors revenir aux identifications freudiennes, qu'il suit pas à pas, notant comment Freud tend à les estomper sous les brouillards du refoulement. Comme chacun de nous, Freud est dès l'enfance confronté à cette astreinte qui pousse à reconstituer perpétuellement des légendes, matrices et sources d'identifications possibles. Cette excellente étude nous invite à ne pas en sousestimer l'effet de fascination et l'importance psychique essentielle dans ce que nous devenons. Si je ne suis pas les autres, si le jeu des fantasmes d'identification construit bien mon propre visage, c'est dans ces mouvements de distance et d'appropriation où le je n'est lui-même qu'en étant une multitude d'autres, où il est visité par des traces et des fantômes, où il ne se différencie qu'en s'identifiant. L'auteur nous montre ainsi, avec une écriture limpide et rigoureuse, la complexité et la profondeur d'humanité de ces autres en nous, lorsque nous nous mettons à en discerner les traces. Dominique Bourdin. |
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Copies (6)
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