Résumé :
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Présentation de l'éditeur
Expliquer ce que j'avais voulu faire dans les livres précédents où tant de choses encore étaient restées obscures ? Pas seulement, pas exactement, mais en allant un peu plus loin, revenir, comme par un nouveau tour de spirale, en deça de ce que j'avais entrepris ; montrer d'où je parlais ; repérer l'espace qui rend possibles ces recherches, et d'autres peut-être que je n'accomplirai jamais ; bref, donner signification à ce mot d'archéologie que j'avais laissé vide. Mot dangereux puisqu'il semble évoquer des traces tombées hors du temps et figées maintenant dans leur mutisme. En fait, il s'agit de décrire des discours. Non point des livres (dans le rapport à leur auteur), non point des théories (avec leurs structures et leur cohérence), mais ces ensembles à la fois familiers et énigmatiques qui, à travers le temps, se donnent comme la médecine, ou l'économie politique, ou la biologie. Je voudrais montrer que ces unités forment autant de domaines autonomes, bien qu'ils ne soient pas indépendants, réglés, bien qu'ils soient en perpétuelle transformation, anonymes et sans sujet, bien qu'ils traversent tant d'œuvres individuelles. Et là où l'histoire des idées cherchait à déceler, en déchiffrant les textes, les mouvements secrets de la pensée (sa lente progression, ses combats et ses rechutes, les obstacles contournés), je voudrais faire apparaître, dans sa spécificité, le niveau des " choses dites " : leur condition d'apparition, les formes de leur cumul et de leur enchaînement, les règles de leur transformation, les discontinuités qui les scandent. Le domaine des choses dites, c'est ce qu'on appelle l'archive : l'archéologie est destinée à en faire l'analyse.
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