Résumé :
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Dans Le rouge et le noir, Stendhal apporte une attention particulière aux histoires que se racontent sans cesse ses héros. Leurs fantasmes diurnes conscients contredisent la réalité perçue par les personnages sans entrer en conflit avec elle. Comme Freud l’écrit dans « La création littéraire et le rêve éveillé », Stendhal fait coexister deux aspects clivés du moi de ses personnages, l’un soumis au principe de plaisir, et l’autre au principe de réalité. De plus leurs fantasmes diurnes permettent aux personnages de Stendhal de satisfaire leurs pulsions sexuelles tout en prétendant n’obéir qu’aux exigences de leur surmoi. Les histoires que se raconte le moi inconscient parviennent ainsi à satisfaire chacun de ses trois maîtres : le surmoi, les pulsions du ça et le monde extérieur. Il le fait au prix d’un clivage que Gérard Bayle aurait sans doute qualifié de « fonctionnel ». Freud maintiendra toute sa vie que le moi normal peut se cliver et que le clivage du moi n’est donc spécifique ni des perversions, ni des psychoses.
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