Résumé :
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Cet article évoque le cas d’un jeune enfant élevé en anglais et avec qui nous travaillons en anglais alors que ça n’est ni la langue de ses parents ni la mienne. Sa langue est d’abord faite de répétitions de phrases toutes faites reflétant la difficulté pour ses parents d’investir le corps érotique de leur enfant au-delà de sa survie. Mon anglais, langue apprise, répète probablement cette façon un peu froide de parler. Au fil du travail se dessine un mouvement où l’anglais devient moins compréhensible jusqu’à des échanges en charabia joyeux. Le plaisir à proférer des sons, et à jouer apparaît. Cela donne espoir qu’un langage du plaisir prenne place au lieu où un parler utile répond à un besoin et qu’in fine cet enfant développe une langue ambivalente et adressée, moins sous l’emprise de la pulsion de mort. La langue maternelle, acquise et non apprise, s’ancre dans le corps de l’enfant et le plaisir de l’échange en deçà des mots, et permet ainsi d’intriquer les pulsions sur le modèle du masochisme gardien de la vie.
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