Résumé :
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L’article est consacré à une critique de la catégorie d’individu que la psychanalyse a souvent prise pour argent comptant. Est en question la conception de l’individu moral comme un être isolé, cohérent, autonome, singulier, constitué comme tel préalablement à tout contact avec autrui, et caractérisé par l’intériorité et l’intimité d’un moi. Bien qu’alliée privilégiée dans la déconstruction d’une certaine conception de la subjectivité, la psychanalyse n’en contribue pas moins par un autre bout à asseoir la conception moderne de l’individualité. La présente contribution montre que la philosophie peut dégager ce présupposé discutable de la psychanalyse classique, selon lequel l’individu serait un être isolé, présupposé solidaire d’un certain discours sur l’autonomie morale des sujets, pour expliquer ensuite qu’en dépit du caractère largement imaginaire de la clôture de la subjectivité, de ses dimensions d’intimité et d’intériorité, les souffrances liées à l’excès d’individuation n’en sont pas moins réelles et destinées à être entendues par une clinique centrée sur les pathologies de l’individualité.
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