Résumé :
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Banale, singulière, tragique, ridicule, violente, insidieuse, amoureuse, fraternelle… La jalousie se fait entendre avec la régularité des composantes essentielles de la vie psychique. C’est sans doute la part de passion, voire de folie, qu’elle exalte qui lui donne sa puissance inspiratrice depuis la nuit des temps. C’est peut-être aussi parce que, au-delà de la vie amoureuse qui reste son lieu d’émergence le plus manifeste, au-delà de l’intimité de la psyché individuelle, elle peut diriger souterrainement l’ordre du monde. De la bataille entre les frères pour la possession des objets d’amour à la hantise de l’infidélité de l’amant(e), c’est toujours l’affrontement entre l’être et l’avoir qui impose sa tyrannie. Quels pourraient être les bienfaits de la jalousie ? En deçà de sa force insistante, en deçà du tourment qu’elle déclenche et entretient, en deçà des démons qu’elle appelle, c’est peut-être la lutte contre la dépression, la lutte contre la mélancolie et sa douleur que la jalousie anime puisqu’elle mobilise jusqu’à l’exaspération les pulsions libidinales. Grâce à la projection, l’autre retrouve sa qualité d’étranger et les incertitudes de son amour et de sa haine occupent le devant de la scène. C’est parce qu’elle s’offre comme un objet d’étude curieusement familier et en même temps étranger qu’il nous faut avec entêtement y revenir régulièrement. Au lieu qui nous importe… dans l’analyse et dans le transfert.
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