Résumé :
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Je suis la fille d’un médecin hongrois et d’une Italienne, catholique. Mes parents se sont mariés en juin 1939, moins d’un an après la promulgation des lois raciales italiennes qui expulsaient les Juifs étrangers hors du territoire national. Après une fuite rocambolesque en direction de Budapest et après s’être mariés, ils s’installèrent dans la ville de Békéscsaba auprès de la famille de mon père. Dès ma naissance, ma mère s’adressa spontanément à moi en italien, puis en hongrois pour pouvoir communiquer avec sa belle-famille après le départ de mon père dans un camp de travail forcé. À cette première langue maternelle succéda ainsi la langue paternelle. Avec l’avènement du communisme et de nouvelles menaces, nous dûmes retourner en Italie et je renouai, à neuf ans, avec ma langue maternelle première. Je partage mon histoire avec des millions d’enfants en Europe et à travers le monde, contraints de vivre en terre étrangère, de s’adapter aux langues, us et coutumes des différents pays. Il ne m’appartient pas de dire si ces changements et ces contraintes laissent des blessures – de les qualifier ou de les quantifier. Je garde néanmoins la nostalgie de ma langue paternelle et le désir de la retrouver comme une part précieuse de mon âme.
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