Résumé :
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La plupart des études réunies dans ce livre relèvent de ce qu'il est convenu d'appeler l'analyse structurale. Mais ce serait commettre une très grave erreur de perspective que de confondre ce type de lecture avec le déchiffrement des mythes proprement dits. Les techniques d'interprétation peuvent être parentes, la finalité de la recherche est nécessairement tout autre. Certes le décodage d'un mythe suit d'abord les articulations du discours - oral ou écrit - mais son but, peut-être fondamental, est de casser le récit mythique pour en déceler les éléments premiers qui doivent être eux-mêmes confrontés à ceux qu'offrent les autres versions du même mythe ou des ensembles légendaires différents. Le récit de départ, loin de se refermer sur lui-même pour constituer, dans son tout, une œuvre unique, s'ouvre au contraire, en chacune de ses séquences, sur tous les autres textes qui mettent en œuvre le même système de codes dont il s'agit de découvrir les clés. En ce sens, pour le mythologue, tous les mythes, riches ou pauves, se situent sur le même plan et ont, du point de vue heuristique, même valeur. Aucun ne saurait avoir le bénéfice de l'exclusivité, et le seul privilège que l'interprète peut accorder à l'un d'entre eux est de le choisir, pour des raisons de commodité, comme modèle de référence au cours de l'enquête. Les tragédies grecques que nous avons entrepris d'étudier dans ces pages constituent un objet tout à fait différent. Ce sont des œuvres écrites, des productions littéraires individualisées dans le temps et dans l'espace et dont aucune n'a à proprement parler de parallèle. L'Œdipe-Roi de Sophocle n'est pas une version parmi d'autres du mythe d'Œdipe. L'enquête ne peut aboutir que si elle prend en considération, d'abord et au premier chef, le sens et l'intention du drame qui fut représenté à Athènes vers 420 avant J.C.
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