Résumé :
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L’écoute analytique des textes de l’œuvre et des lettres de Rimbaud n’est pas sans solliciter de la part du lecteur psychanalyste un transfert amenant à découvrir chez le poète un espace psychique tourmenté, pour qui l’écriture, et la manière de vivre pleinement celle-ci, ont pu relever de ce que l’on pourrait qualifier « d’analyse sauvage », hypothèse que l’auteur essaie ici d’argumenter. Cette hypothèse s’appuie, entre autres éléments, sur la fameuse phrase de Rimbaud « Je est un autre ». Celle-ci témoigne d’une géniale perception de l’« autre » en nous qu’est l’inconscient. La formule de Rimbaud est, de plus, précédée par la phrase : « C’est faux de dire : Je pense : on devrait dire : On me pense ». On pourrait dire qu’avec ce « on me pense » Rimbaud exprime ce que V. Tausk développera cinquante ans plus tard à savoir l’existence d’une pensée vécue chez certains sujets comme extérieure, ce qu’il a appelé une « machine à influencer ». Cette phrase peut aussi être reliée à ce que souligne D. Anzieu, à savoir que « l’être humain pense d’abord avec les pensées d’autrui », ce qui rejoint les réflexions de Bion sur l’existence de pensées préexistant au penser.
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