Type de document : | Article : texte imprimé |
Titre : | Les deux « e muets » de l’une-bévue : ce qui donne des ailes au « Il » (2023) |
Auteurs : | / Brigitte LALVÉE |
Dans : | Essaim (n° 51, 2023) |
Article en page(s) : | pp. 47-66 |
Langues: | Français |
Mots-clés : | LACAN, Jacques ; Identification |
Résumé : |
Lacan revient sur son séminaire L’Identification, et revoit son ternaire psychique, qui devient un ternaire strictement matérialiste, celui de trois corps : un corps du symbolique qui est lalangue, le « matériel de langue » ; un corps de l’imaginaire « distinct du signifié » ; un corps du réel « dont on ne sait comment il sort », mais lié à ce non-rapport sexuel auquel est appendu le parlêtre. De ce qu'il a élaboré quinze ans plus tôt il ne conserve que le tore, et le trait unaire, pris à revers.
Le « sens double » de la syllabe « con », qui dans lalangue française conjoint le « cum » (= « avec ») et le « cunnus » latins, lui permet de passer d’une con-sistance problématique, celle de son seul nom pour faire tenir les trois ronds symbolique de l’imaginaire et du réel, à une corps-sistance, qui renvoie non seulement au sexe féminin, mais à ce qui manque à un deux du sexe, à un « avec ». C’est là l’une-bévue, l’une parmi d’autres : unité matérielle signifiante qui fait tenir ce ternaire, « l’une » où s’abolissent la valeur différentielle du signifiant, l’unarité du trait, son aune phallique. L’unité de mesure qui néanmoins fait chaîne entre les trois corps. L’une-bévue fait le S2 de fonds du signifiant, le S2 comme « sens double ». Double bande, contrebande du signifiant, valeur d’échange qui s’annule dans la non-valeur, métathèse voire métamorphisme du signifiant rendant caduques métaphore et métonymie, l’équivoque qu’est l’une-bévue produit pléthore de sens, c’est-à-dire de mensonge. Jusqu’à l’holophrase généralisée, soit la « débilité ». Mais à « faire réel » il n’est pas sûr qu’elle le « ferre ». Heureusement, son équivoque avec l’Unbewuste allemand et freudien n’est qu’approximative. La translangue n’est pas intégrale. Elle fait place au trou du « non-su », un-bewusst du non-savoir, un savoir « sans le fait de savoir ». Sans quoi l’analyse pourrait devenir un « autisme à deux », une bulle d’inconscient et conscient unifiés, réversibles. Le « Il sait » (l’Autre) « que je sais qu’il sait » est fallacieux : il voue le sujet à la dépossession subjective, ou l’emmène vers la téléphathie, l’occultisme. Le « redoublement de la parenthèse », proposé par A. Didier-Weill convié à s’exprimer sur la passe, permet « d’aller plus loin que l’inconscient », plus loin que son « objectivation », jusqu'à ce Réel « qui se sait et veut se taire » et pourrait sans ce redoublement se confondre avec un Savoir absolu aliénant. Il permet d’aller jusqu’à ce Réel qui est la bouche d’ombre de l’inconscient, trouée d’une énonciation possible. Si Lacan salue l’apport d’A. Didier-Weill, il marque aussi son désaccord, concernant la nomination de ce lieu du non-savoir (Bozef), concernant aussi une « communion » du sujet et de l’Autre. Mais son désaccord est aussi un dis-corps : ainsi du moins peut-on lire la digression sur la rosée par laquelle il introduit l’intervention d’A. Didier-Weill. Cette digression pourrait nous mener à l’hématidrose de l’ermite, exsangue d’abstinence sexuelle, aspirant aux « mains énamourées » de « l’Inconnue », du poème d’Apollinaire vers lequel faisait déjà signe le « s’aile à mourre » du titre. S’il y a un « savoir du réel », et s’il « tient au corps », le poète, la poésie, le psychanalyste s’il « s’apparente » à un « pouâtassez », l’analysant, peuvent en matérialiser quelque chose, de l’« inouï » d’un dire qui ouvre au réel. Le poète et la poésie, surtout quand elle fait compter, ainsi le veut la tradition poétique française, le e muet dans le vers, ce e muet qui sait aussi s’élider pour donner des ailes au « Il ». |
Exemplaires (1)
Code-barres | Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité |
---|---|---|---|---|---|
20021951 | K04-3 | Revue | BSF Paris | ψ Réserve : Périodiques | Consultation sur place |