Résumé :
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Julia Kristeva, répondant aux questions de François Richard, explique la genèse de son livre sur Dostoïevski, et, à partir de là, développe sa pensée aux frontières de la psychanalyse et de la littérature, s’inspirant de sa double expérience de romancière et de psychanalyste. Elle explore, avec une écriture intertextuelle, cette polyphonie où le moi dostoïevskien s’éparpille et se réunit autour d’un clivage complexe. Elle propose des hypothèses métapsychologiques novatrices sur la labilité et la mouvance d’une pluralité de clivages qui divisent et constituent l’être humain – sujet parlant – en deçà du refoulement, dans un bouillonnement sexuel infantile intriqué aux passions adultes. L’issue sera la sublimation, si on veut éviter le crime et la perversion, et juguler les crises épileptiques. Les processus sublimatoires du grand romancier sont éclairés dans leurs rapports à la religion orthodoxe où la soumission émotionnelle est requise, mais où en même temps est supposée une origine multiple et créatrice. S’ensuivent des réflexions sur notre actualité historique où l’Occident et la Russie se déchirent, ainsi qu’une invitation à écouter dans « l’érotisme sans organe » de la langue dostoïevskienne une solution pour notre xxie siècle gangrené par la déliaison et la pulsion de mort.
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