Résumé :
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L’inceste est un trouble grave de la filiation qui entraîne un véritable chaos générationnel. Il se caractérise par une sexualisation atypique du lien à l’enfant qui désorganise l’attachement, aliène la tendresse et attaque l’identité subjective. Certains parlent de crime généalogique ou de crime contre l’humanisation dont les conséquences sont graves et impactent la santé physique et psychique des victimes durant la vie entière. Les anthropologues parlent d’un phénomène d’invisibilisation du sujet, l’inceste ne suscitant aucun intérêt scientifique, et ce, malgré les premières études de prévalence qui en font une réalité traumatique épidémique. Le discours anthropologique fait émerger un autre néologisme, celui de silenciation, mécanisme d’emprise par lequel les auteurs génèrent chez les enfants un conditionnement par la peur qui bloque les capacités de parole et de mentalisation du traumatisme. En clinique li (Lifespan Integration), la réponse de stress majeur déclenché par l’activation de mémoires traumatiques permet de situer le trouble de l’inceste dans le cadre des modèles neurobiologiques du stress, de la communication et de l’attachement. Cette approche offre l’intérêt de dégager le trouble de ses enjeux idéologiques et moraux pour l’appréhender comme un nouveau paradigme d’étude des mécanismes de traumatisation complexe.
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