Résumé :
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Cet article fait l’hypothèse que le discours capitaliste, arrimant le sujet à l’objet de consommation (lathouse) est prompt à favoriser l’angoisse qui se jugule alors en une haine dont l’objet fixe est l’Autre étranger. Nous verrons que les places de domination propres au discours du maître, homo- thétique de l’inconscient, sont ainsi complétées par l’objet haine-eux généré par le dispositif capitaliste. Le Brésil est choisi ici comme exemple transversal. D’un point de vue méthodologique, notre clinique du Brésil repose sur trois voyages familiaux réalisés de juillet 2011 à juillet 2022, d’un suivi quotidien des informations télévisuelles (Record et CNN Brasil), d’une lecture des quotidiens (Folha de Sao Paulo), d’articles de recherches universitaires locaux, et surtout d’échanges au jour le jour avec des Brésiliens non-expatriés (WhatsApp, mail, téléphone). À travers ces échanges avec la diversité du peuple brésilien, notre hypothèse liée à la haine de l’Autre favorisée par le dispositif de la lathouse, malgré les spécificités de l’histoire liées à l’esclavage et au capitalisme autoritaire outre-Atlantique, nous semble avoir une portée transfrontalière et française dans la compréhension des mécanismes inconscients en jeu. En effet, le repli identitaire constaté au Brésil en l’espace de 11 ans, avec le trauma lié l’ère Bolsonaro, éclaire le rapport à l’objet plus-de- jouir et à l’altérité en contexte capitaliste. Le spectre de l’extrême droite hante donc bien plus que l’Europe occidentale. Ainsi le surmoi post-moderne qui nous enjoint de jouir à tout prix, s’articulerait à la haine de la jouissance de l’Autre, avec laquelle le discours du maître capitaliste sait mettre au travail chacun de ses néo-sujets.
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