Résumé :
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La circulation de l’œuvre d’art au sein de dispositifs numériques confère à son objet des caractéristiques nouvelles. Ces caractéristiques permettent-elles de considérer l’œuvre d’art virtuelle comme le contraire de l’objet lathouse, marchandise clinquante, illusoire et éphémère, avidement offerte à une jouissance toujours insatisfaite ? Car l’œuvre d’art virtuelle, parce qu’elle tente de défaire le voir, puise son pouvoir dans le réel et vise un au-delà de l’objet, alors élevé par la sublimation à la dignité de la Chose. Déjà, au milieu du XXe siècle, le ready-made, par un coup d’avance, avait résisté aux dispositifs de l’objet d’art établi, œuvrant par-là à une esthétique de l’absence. L’unicité perdue de l’œuvre d’art s’en trouvait alors restaurée par un dispositif artistique paradoxal, qui éclairait d’une aura renouvelée les plus communs des objets. Mais qu’en est-il aujourd’hui, époque de fusion intense entre les discours de l’art, de la science et du capitalisme, où se développent les Non Fungible Tokens (NFTs), objets d’art numériques par principe infiniment reproductibles, mais dont l’unicité originale se trouve pourtant garantie à prix d’or via la blockchain ?
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