Abstract:
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Il est tenté d’approcher l’univers de David Lynch à travers le film Mulhollland Drive dans ce qu’il illustre de la pluralité des compréhensions possibles et du vacillement des certitudes identitaires et temporelles ainsi que de la force évocatrice de l’image-son en mouvement. Film central dans l’œuvre du cinéaste, Mulholland Drive fait du spectateur à la fois un rêveur, un interprète et un enquêteur avide de découvrir une vérité cachée qui se dérobe un peu plus à chaque nouvel indice qu’elle délivre. Dans l’interprétation proposée, la première partie du film est un rêve construit selon les procédés freudiens de travail du rêve (renversement, déplacement, condensation…). Ce rêve est assailli par les irruptions d’éléments distordus du réel, jusqu’à aboutir au réveil à partir duquel se développe la seconde partie du film dans sa dimension tragique. La genèse en deux temps de la production et l’écriture du film se décline à l’infini dans sa construction même, et dans l’ensemble de ses ressorts dramatiques, ses dialogues et ses personnages. D’autres points de convergence avec la psychanalyse sont abordés, notamment à propos des représentations d’actions, de l’interprétation et de la création, de la coexistence de plusieurs mondes, plusieurs lignes narratives qui permettent une relance infinie du besoin de connaître et de la capacité de désir.
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