Résumé :
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"Malheureusement, c'est sur la beauté que la psychanalyse a le moins à nous dire", jugeait Freud (Malaise dans la civilisation). Dans l'éblouissement de son apparition, la beauté a pour fonction de voiler le réel insupportable de la mort : le geste esthétique, le geste éthique ou mystique récusent l'autorité du fait. L'ouvrage d'Elisabeth De Franceschi revient sur l'assertion de Freud, et se propose de réévaluer la théorie psychanalytique de la pulsion de mort, en approfondissant l'étude du lien entre la sublimation et la destructivité : les mythes, la littérature, la musique et les arts plastiques montrent que Thanatos est présent aux sources mêmes de la créativité. Lacan jugeait que la pulsion de mort est créationniste ; elle exerce son action chez le créateur et sur l'objet créé, en les métamorphosant. Mort et renaissance : dans l'alchimie de la création, le destin du sujet et celui de l'objet, leurs "passions" sont solidaires. Lors de tout acte créateur, l'artiste fait l'apprentissage de sa propre fin, tandis qu'un objet est détruit, avant qu'une relève ne s'opère, conduisant à l'avènement d'un nouvel objet, ou peut-être, au rien. Le rien, visée ultime de la création et du créateur dans le Chef-d'œuvre inconnu de Balzac, pose la question du devenir du corps et de la jouissance ; l'abstraction, l'œuvre comme manifestation d'une énergie pure, sont des formes de réponses.
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