Résumé :
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La question du genre est symptomatique de notre société. Elle témoigne à la fois d’une ouverture, permettant à des souffrances – jadis confinées dans la réprobation – de chercher une juste voie, et d’une dérégulation où il est parfois difficile de trouver sa place. En effet, là où la paresse de la démocratie violente les différences en confondant l’égal avec le même, le néolibéralisme attise la violence en réduisant la diversité à de la concurrence. Jadis campée sur les certitudes de l’anatomie, l’identité de genre se diffracte aujourd’hui en de multiples options tantôt créatives, tantôt asservies aux contraintes d’un néo-conformisme. Dans un contexte où se brouillent la différence des sexes et celle des générations, la psychanalyse – désorientée – semble oublier qu’elle campe essentiellement sur la « sexualité infantile », et n’a de champ propre que celui de « l’inconscient individuel sexuel refoulé ». Privées de ce fondement, des structures normatives comme « l’Œdipe », des oppositions binaires comme la « forclusion du nom du père », transforment nombre de psychanalystes en professeur(e)s de morale. Le concept de « castration », tout particulièrement, semble procéder de l’idéologie patriarcale plus que de la réalité psychique. Nul besoin de cette métaphore sanglante pour signifier la réalité du manque : elle épouse les contours de la « tache aveugle » de Freud dans son parcours auto-analytique, plus qu’elle n’éclaire la métapsychologie. Il suffit de relire « l’oubli Signorelli » au plus près du texte pour s’en convaincre. Le « retour sur Freud » de Jean Laplanche et son réancrage dans la sexualité infantile offrent des fondements plus solides et plus spécifiques à une métapsychologie du genre et des néo-sexualités. Ils peuvent ramener la psychanalyse dans le champ du débat plutôt que dans celui de la normativité.
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