Résumé :
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Depuis Snell (1852) de très nombreux psychiatres et psychanalystes se sont interrogés sur les néologismes psychotiques. Classiquement ils sont subdivisés en néologismes passifs et en néologismes actifs (Lefèvre, Séglas), suivant en cela un processus « automatique » ou un processus « volontaire ». Le mot inventé, selon Séglas, « dit tout », autrement dit, « dit tout » de la pensée délirante du sujet, comme s’il en venait condenser, synthétiser les éléments, s’imposant dès lors comme une évidence. Aussi le néologisme aurait-il un « poids » suffisant qui permettrait au sujet de s’en contenter et de n’avoir plus rien à expliquer. Au-delà de cette singularité du langage, au-delà du seul aspect sémiologique et de son intérêt pour le diagnostic différentiel, nous verrons que le néologisme s’impose en quelque sorte de l’« extérieur », et s’impose parfois comme une nécessité. C’est dire qu’il ne peut simplement être un « signe » pour le clinicien, et qu’il ne peut endosser le vêtement du déficit. Bien au contraire, cette création, cette invention même, doit bien avoir une fonction pour le sujet. Ce sont des mots ou expressions qui sortent du langage commun, qui se séparent de la langue dite « maternelle », qui doivent être distingués du mot d’esprit, et qui mettent en relief le rapport singulier du sujet à son Autre, qui ont en certains cas (schizophrénie) une fonction de régulation dans le rapport à l’Autre, à la jouissance, et à la pensée même du délirant, dont la réalité, le rapport au monde, pourrait sans ce soutien partir à la dérive.
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