Résumé :
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Les auteurs analysent un matériel de recherche recueilli auprès de couples de femmes (résidants en Belgique) ayant eu recours à l’insémination artificielle avec donneur inconnu et des couples d’hommes (résidants en France) ayant recours à la maternité ou à la gestation pour autrui. Les témoignages de leur parcours parental permettent de prendre connaissance de leur vécu familial singulier, d’observer comment les parents, d’une part, transmettent le récit des origines à leurs enfants et comment, leurs enfants, d’autre part, intègrent ce récit et s’inscrivent dans leur double filiation maternelle ou paternelle. Les données ont été recueillies à l’aide d’une approche mixte : des entretiens semi-directifs auprès des parents et du matériel projectif (arbre généalogique, CAT, Dessin de famille) auprès des enfants. Ce dispositif offre un espace de parole à chaque membre de la famille et permet d’observer le tissage des liens familiaux intersubjectifs à l’œuvre. L’analyse des entretiens auprès des parents met en évidence la construction d’un récit des origines faisant intervenir plus ou moins les tiers donneurs. Leur intégration dans le discours des parents est tributaire de leur degré de contribution dans le projet familial et/ou des représentations socio-familiales à l’œuvre dans la constitution des liens de filiation maternel et paternel (biologique, juridique, social) ; ce qui induit l’existence d’une différence d’investissement de la part des couples d’hommes (et parfois entre eux) et des couples de femmes (et parfois entre elles) vis-à-vis des tiers participants. La construction des représentations imaginaires aux multiples déclinaisons pour les enfants concernés par nos études est observable ainsi que leur capacité à situer les personnes en présence et la place qu’elles prennent dans leur venue au monde.
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