Resumen:
|
Le clitoris est l’objet d’une résistance dans le milieu médical tout en étant devenu, ces dernières années, une sorte d’étendard de la révolution féministe post-MeToo. Il est connu depuis le XVIIe siècle au moins pour être « le siège du plaisir en la femelle », comme l’écrit Thomas Bartholin dans ses Tables anatomiques. Mais c’est précisément cette caractéristique qui va poser problème au discours savant. Car si elle en fait un équivalent du pénis, « en beaucoup plus petit », précisons-le, elle en fait aussi un rival bien encombrant. En effet, certaines femmes abusent du clitoris et s’accouplent ensemble. Au XXe siècle, le clitoris devient l’organe de la masturbation et du « tribadisme », au point que des médecins n’hésitent pas à en « retrancher une partie » pour limiter ces excès. Même Freud se croit obligé de neutraliser son importance en l’inscrivant dans une histoire du développement psychologique de la petite fille qui serait liée à la fixation préœdipienne à la mère avant de passer à l’attachement au père et donc à l’homme. Nous verrons comment cette dualité inscrite dans le corps des femmes n’a pu être pensée, ni articulée ensemble. Il en résulte un clivage plaisir/reproduction qui a confronté les femmes à un double bind patriarcal (« imite moi comme modèle mais ne m’imite pas comme rival ») sur fond de double castration, physique et symbolique dont le « primat du Phallus » demeure le représentant victorieux.
|