Résumé :
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L’article se propose d’étudier le processus créateur à l’œuvre chez Thomas Bernhard à travers la littéralité du texte et au-delà de la seule référence biographique, en s’attachant à montrer comment son style l’oriente, au-delà de l’énoncé, du côté d’une dénonciation des semblants, de l’ordre social et du mond’Un, dans un mouvement qui semble viser l’épuisement et la dérision du sens, à la recherche de sa cause, mais aussi l’expulsion ou l’« extinction » de la flamme haineuse dans une tension vers sa source inextinguible. À certains égards, des comparaisons et parallèles sont proposés avec les processus d’écriture à l’œuvre chez Franz Kafka, du point de vue des rapports respectifs de ces deux auteurs à quelque forme de mésinscription sociale, de précarité subjective qui s’inscrirait d’abord dans le corps, via la maladie pulmonaire qui leur est commune, et les pousserait à en passer par une déconstruction et un renversement de l’ordre et du sens pour tenter de cerner les fondements de leur présence au monde, et faire émerger leur propre voix, dans un mouvement respiratoire et de ré-originarisation par l’écriture, réécrivant les coordonnées minimales de leur être.
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