Résumé :
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Les couches de temps s’ajoutent les unes aux autres, se superposent mais aussi se plissent, se fondent entre elles et créent l’épaisseur subjective. Une part de cette épaisseur nous reste inconnue, enfouie, refoulée, inconsciente, comme étrangère. La prise de conscience de la vieillesse, son identification selon les modes passif et actif, comprenant non seulement la finitude mais aussi toute cette épaisseur jamais pétrifiée de l’histoire d’un sujet, renforce l’intérêt pour la vie même et milite pour son accomplissement le plus abouti. Pour qu’elle ait lieu, l’inattendu est précieux : le modèle du trébuchement est proposé dans l’article comme forme de l’inattendu qu’il ait lieu au détour d’un chemin, au cours d’une analyse ou au hasard d’une rencontre, quand la sortie de l’habitude, voire la désorientation momentanée sont autant d’opportunités pour engager un ou des changements de point de vue. Loin de la redouter ou de la repousser et surtout de la dénier, reconnaitre la vieillesse, la sienne comme celle des autres, inscrit le sujet dans sa trajectoire personnelle, proche des autres, bien qu’unique.
L’auteur illustre son propos par deux vignettes cliniques et une analyse du Bal de têtes, dernière partie de la Recherche du Temps Perdu où Proust, rencontrant la vieillesse, comprend sa vocation d’écrivain et l’importance de la création d’une œuvre.
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