Résumé :
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Après avoir distingué, au sein du phénomène plus large du blasphème, la malédiction de la moquerie liée à la désacralisation dérisoire, nous passons à décrire la présence d’ambivalence dans chacun de ces deux domaines distincts. Ainsi dans la malédiction on souligne comment une idéalisation excessive d’une relation originellement privilégiée avec un objet tout-puissant crée les conditions, après la désillusion d’attentes exagérées, pour la transformation d’un sentiment initial d’amour en une haine secondaire et réactive. De même, dans la dérision et le dénigrement dérisoire, le rôle joué par l’ambivalence du moqueur est mis en évidence en produisant occasionnellement, au-delà des mêmes intentions conscientes de ce dernier, un effet paradoxalement sacralisant, de sorte que parfois une glorification de la victime se produit, analogue à celle décrit par Girard dans sa théorie du bouc émissaire ou par Freud lui-même dans Totem et tabou. L’ouvrage se termine par une réflexion sur le rire du sacré lié à l’événement tragique de l’acte terroriste dans la rédaction du magazine satirique Charlie Hebdo.
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