Résumé :
|
Concilier liberté d’expression et respect des valeurs profondes et intimes de certains semble depuis quelque temps impossible. Pour bon nombre de religions, dont le catholicisme, la divinité n’est pas la seule à pouvoir être visée par un blasphème, mais également le croyant ou ce qui « conduit » à la foi, comme un lieu sacré ou des objets sacrés. Mais alors il ne faudrait pas que le droit séculier considère trop vite que le blasphème ne le concerne pas : en effet, l’histoire nous montre que le blasphème est intervenu comme régulateur de l’ordre social avec une double compréhension : dans une sorte de verticalité lorsqu’il concernait la divinité ou le roi, le prince ; et dans une horizontalité lorsqu’il était vécu comme une atteinte au groupe, certes à cause de la religion. Mais il nous semble aussi qu’il existe des transferts de sacralité : si hier, le blasphème concernait la divinité, ne concerne-t-il pas aujourd’hui d’une certaine manière l’état et certaines de ses valeurs qui en deviennent inattaquables ou intouchables ? Le blasphème touche à l’intime des convictions et tous, nous pouvons être concernés par un propos que l’on considèrera comme blasphématoire. C’est ce sentiment-là qui engendre une certaine violence puisque le propos lui-même est reçu violemment du fait de l’intime qui provoque.
|