Résumé :
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Cet article traite de la relation tendue entre la pensée de Sigmund Freud et la perspective matérialiste de l'histoire. L’article présente ensuite une contribution théorique se dégageant de ce dialogue et examinant ses contradictions. D’abord sont résumés les critiques de Freud au sujet du matérialisme historique, un rôle clé occupé par la question de la temporalité psychique. Ensuite est abordé le travail de Walter Benjamin, qui, à mon avis, a réussi à intégrer de manière avantageuse une bonne partie des idées de Freud dans la construction d’un matérialisme hétérodoxe particulier que j’appelle «multitemporel». L’article soutient cette affirmation de deux manières: a) en démontrant la pertinence de la psychanalyse comme source indispensable d’alimentation de la pensée de Benjamin, et b) en identifiant un héritage partagé (avec Nietzsche), et quelques parallèles entre la pensée freudienne et le matérialisme Benjaminian quant à leurs conceptions du temps, de l'histoire et de la mémoire inconsciente, ainsi qu'aux différences clés qui les distinguent et leur permettent de se remettre en question. La conclusion souligne que, si nous réfléchissons de façon critique à ce qui pourrait être ses obstacles théologiques --c'est-à-dire irréligieuses ou métapsychologiques--, la pensée de Benjamin peut fournir un moyen d'explorer les contributions de la psychanalyse à la théorie sociale critique.
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