Résumé :
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Les distorsions et disjonctions des temporalités en période de pandémie.
La pandémie de la Covid ayant nécessité la mise en application de restrictions, l'expérience du temps est devenu un objet de préoccupation chez mes patients. Cette expérience leur semblait déformée du fait de l'état d'urgence et son impact sur nos vies, suscitant souvent le sentiment d'habiter un monde dystopique. Sont apparues des demandes existentielles tendant vers la quête de sens subjectif, en particulier lorsque la peur de la mort était si intense qu'elle en devenait immaîtrisable. L'état d'incertitude influence le sentiment du futur, et donc le désir et l'espoir : des états affectifs qui émanent principalement du monde interne. Dans le cadre de la pensée occidentale, le temps est linéaire (Chronos), cyclique et récursif (Aiôn) ou fugitivement ponctuel (Kairos). Ces figures de la temporalité supposent une interaction entre le monde interne et externe dans un récit à la première personne. L'auteure de cet article axe sa réflexion sur Kairos – ce moment critique où la perception de la réalité chez le sujet, via l'attention, sert de fonction auto-protectrice et conduit à l'action. Kairos correspond aussi à la temporalité du trauma. A l'aide de vignettes cliniques relatives à deux patients, d'âge différent et à différentes phases de la cure, l'auteure illustre les vicissitudes subjectives de Kairos au gré des états du self, du moi et des inscriptions biographiques au sein d'une chronologie humaine plus vaste. L'équation de Freud - perception=attention=temps – capte le travail psychique et la signification de la temporalité de Kairos.
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