Résumé :
|
La mémoire de la douleur est pour un biologiste liée aux phénomènes de plasticité neuronale, pour le psychanalyste conséquence de la construction affective et des traumatismes de la vie, pour le neuropsychologue séparable entre contenus conscients et préconscients, dicible ou indicible, mais dans tous les cas inscrite dans le corps et le psychisme. Les facteurs modifiant cette mémoire sont nombreux expliquant les distorsions auxquelles sont confrontés les médecins sans cesse confrontés aux récits douloureux des patients. La mémoire est à la fois somatique et émotionnelle et le rappel privilégie la seconde. Les situations de réexpérience douloureuse physique en l’absence de nouvelles stimulations périphériques, prouvent que le système nerveux stocke toute douleur passée. La reconnaissance immédiate d’une douleur déjà éprouvée va dans le même sens. Lorsque langage et mémoire sont immatures chez l’enfant, cette empreinte « psychobiologique » est tenace et délétère jusque dans la vie adulte réalisant une véritable mémoire traumatique. La résurgence de stress de la prime enfance sous forme de douleurs dites « somatomorphes » à l’âge adulte est fréquente et souvent ignorée.
|