Résumé :
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Pour Pier Claudio Devescovi, analyste jungien italien, le motif souterrain qui a sous-tendu la recherche de Jung dans le domaine religieux serait « le besoin de restaurer l’honneur du père, humilié par un Dieu qui échappait à sa compréhension. » Il a développé cette hypothèse de travail dans son livre Pro Bono Patris, dont les éditions du Martin-Pêcheur/Domaine jungien sont heureuses de proposer aujourd’hui la traduction. Pier Claudio Devescovi entraîne ainsi le lecteur sur les traces du père de Jung, Paul Achilles, à partir d’une recherche historiographique nourrie de documents d’archive et de témoignages, qui se distancie nettement des commentaires subjectifs de Jung lui-même repris par ses biographes. Il s’en dégage une formulation du « complexe père » de Jung, dont l’auteur montre comment il a ensuite profondément contaminé la relation aux figures paternelles rencontrées par Jung et dont Eugen Bleuler et Sigmund Freud sont les personnalités les plus marquantes. Le propos de l’auteur s’élargit ensuite à une compréhension du rapport compensatoire établi par Jung avec un Dieu qui lui serait directement accessible. L’originalité du point de vue adopté par Pier Claudio Devescovi, mais aussi sa capacité à se référer aux indications données par Jung lui-même, renouvellent l’interprétation des rêves de Jung sur lesquels l’auteur appuie sa démonstration. Cela donne à l’ensemble de ce livre un vent de fraîcheur créative qui manquait quant à la question du père et de la paternité dans la pensée jungienne. Cette traduction, précédée d’une préface de Stefano Carta, ouvre l’accès à la recherche jungienne italienne et à une approche différenciée de Jung qui saura bousculer quelques représentations. Le lecteur, qu’il soit clinicien ou non, trouvera dans cette recherche fouillée et étayée, des pistes pour approfondir ce qu’on nomme aujourd’hui la crise de la fonction paternelle.
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