Résumé :
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Un belvédère est une terrasse ou un pavillon, construit au sommet d’un édifice ou d’une élévation et qui offre une vue dégagée sur les environs. Je souhaite explorer le lien entre un belvédère – avec toutes les nuances que comporte le mot, comme la beauté et la vision –, et l’analyse originale et perspicace donnée par Franz Kaltenbeck du « pousse-à-la-femme », cette expression lacanienne délicate qu’il appelait un « belvédère clinique ». Que voulait-il dire ? On pourrait argumenter que le pousse-à-la-femme n’est pas un phénomène spécifique à la psychose et qu’il peut être généralisé aux hommes comme aux femmes. C’est ce que propose Kaltenbeck quand il applique le pousse-à-la-femme à toutes les structures cliniques, tout en gardant à l’esprit l’existence d’un diagnostic différentiel. Kaltenbeck considérait le « pousse-à-la-femme » dans la psychose comme comparable au surinvestissement d’une certaine femme qu’on retrouve dans les névroses ou les perversions. Il notait que, pour une femme hystérique comme Dora ou Sidonie dans le cas de la « jeune homosexuelle », l’attirance pour l’autre femme montre que celle-ci n’est pas un élément propre à la pulsion génitale de l’homme. En qualifiant le « pousse-à-la-femme » de « belvédère clinique », il laisse donc entendre qu’il s’agirait d’un point de vue privilégié à la fois pour les deux sexes et pour les différentes structures, névrose, perversion et psychose. Cette extension du pousse-à-la-femme à diverses structures cliniques suggérant un édifice psychique ou un point de vue spécifique a été bien accueillie par une chercheuse des transstudies comme Sheila Cavanagh : elle le voit comme un outil productif qui permet de comprendre les symptômes transgenres. Je m’efforcerai de poursuivre cette ligne de recherche.
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