Résumé :
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L’autonomie est devenue la valeur suprême dans les sociétés individualistes. Dans ce contexte, l’individu désormais émancipé est confronté à un nouveau type d’épreuve qui s’exprime en termes de santé mentale et de souffrance psychique et est à la source d’un malaise collectif. Le « malaise » se résume dans la double idée que le lien social s’affaiblit et qu’en contrepartie l’individu est surchargé de responsabilités et d’épreuves qu’il ne connaissait pas auparavant. Dans le domaine de la psychopathologie, de nouvelles expressions des pathologies mentales que la psychanalyse avait repérées semblent se généraliser. Celles-ci ont servi de support à l’élaboration du discours du malaise. Les patients seraient moins atteints par les névroses classiques, caractérisées par des conflits du désir, des conflits entre permis et interdit, que par des pathologies narcissiques, qui concernent plus l’idéal du moi que le surmoi et se caractérisent par des sentiments de vide et d’insuffisance. L’enjeu sociologique est un changement de statut social de la souffrance psychique. La place accordée à la souffrance psychique est le fruit d’un contexte par lequel l’injustice, l’échec, la déviance, le mécontentement ou la frustration tendent à être évalués par leur impact sur la subjectivité individuelle et sur la capacité à mener une vie autonome.
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