Résumé :
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De la servitude volontaire décrite par le Grand Inquisiteur de Dostoïevski à la soumission au meneur selon Freud, relu par Françoise Coblence, de la fabrication des « grands petits hommes » que sont les leaders selon Adorno à « l’ensorcellement » d’un village autrichien par la prodigieuse empathie d’un Führer, dépeint par Hermann Broch, de la mystique de la guerre examinée par Walter Benjamin à la folie collective repue de magie, l’auteur explore deux ressorts de la psychose des masses : non seulement la perte en rationalité, mais également la perte en irrationalité tout aussi dommageable. Privé des sources étrangement inquiétantes de sa vie psychique et du lien primitif au monde que forge intuitivement l’habitation symbolique du mythe, comment l’homme peut-il lutter contre la réalisation concrète, en acte, du crime ? Où trouverait-il l’élan d’une création collective ? Ce faisant, la part d’irrationalité nécessaire à la vie de l’esprit ne s’oppose-t-elle pas en tous points à la « dictature de la raison » ?
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