Résumé :
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Au même titre que l’angoisse, la peur ou la joie, l’espoir est un phénomène anthropologique fondamental qui se caractérise par son ambivalence foncière. Plus d’une fois, les forces antagonistes de l’espoir et de la peur nous tirent à hue et à dia, provoquant un déséquilibre qui entrave la puissance d’agir du moi. D’Hésiode, jusqu’à Nietzsche, en passant par Héraclite (les hommes « espèrent à la folie ») et Spinoza, l’espérance fut souvent soupçonnée d’être un mal plutôt qu’un bien. On n’oubliera pas pour autant que le « soleil noir de la mélancolie » peut transformer l’existence en un désert stérile, où ne circulent plus d’autres paroles que le lamento interminable de la plainte. D’où l’importance cosmopolitique, anthropologique et clinique de la question kantienne : « Que m’est-il permis d’espérer ? » qu’il faut relancer à nouveaux frais dans les temps sombres que nous vivons aujourd’hui. Cela revient notamment à se demander sous quelles conditions la vie elle-même peut être regardée comme une promesse, et quelles sont les ressources d’une espérance enfouies au plus profond de nous, en apercevant devant soi son enfance et derrière soi sa mort ?
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